Test Sony Xperia PRO-i : un photophone innovant et intéressant… au prix de l’innovation

Il y a quelques semaines nous avons pu tester le Sony Xperia 5 III, l’un des derniers smartphones hauts de gamme orientés photo/vidéo de Sony. Mais aujourd’hui nous sortons de leur gamme pour vous proposer le test d’un smartphone hors catégorie, le Xperia Pro-i. Proposé à 1800€, ce smartphone n’est clairement pas fait pour tout le monde, Sony le définit comme un “appareil photo avec toutes les fonctionnalités d’un smartphone”. Plutôt ambitieux non ? Voyons si ce dernier mérite d’être qualifié ainsi et s’il vaut son prix. Comme pour le test du Xperia 5 III nous nous concentrerons surtout sur la partie photo/vidéo. Mais ici nous parlons d’un téléphone à 1800€ plus cher, alors même si Sony font passer la téléphonie après la photographie dans leur présentation, nous serons un peu plus demandeur sur ce point.  C’est parti pour notre test du Sony Xperia Pro-i !

Le Sony Xperia Pro-i en test !

Parlons forme, cette dernière rend vraiment les derniers Xperia, toujours très agréables en main, et avec un écran 21/9. Ils sont grands, mais aussi relativement fins. Ce qui fait qu’il n’y a aucun mouvement de bascule à faire pour atteindre l’autre bout de l’écran, le pouce arrive naturellement dessus. En parlant de naturel, cet Xperia Pro-i intègre comme ses petits frères un capteur d’empreinte latéral positionné sur le bouton d’alimentation, lui-même placé au milieu du smartphone, il tombe directement sous notre pouce. On en oublie alors le déverrouillage et c’est très appréciable.

© Mathis pour THM Magazine

Du côté des matériaux, ce que l’on reprochait au Xperia 5 III n’est pas présent sur ce modèle ; nous parlons bien du dos glissant. Non, ici nous sommes sur un dos en verre dépoli mate qui accroche bien en main. Et pour renforcer ce sentiment, le cadre en métal est creusé pour apporter du relief et donc une meilleure prise.

© Mathis pour THM Magazine

L’appareil est toujours doté d’un bouton déclencheur à double pression pour utiliser le Xperia Pro-i comme un appareil photo. Sony a également ajouté un bouton macro juste à côté, vous pourrez l’utiliser pour ouvrir rapidement une application par exemple. Ils ont également pensé à rajouter un passage de lanière creusé à l’intérieur de la coque. Intéressant mais trop étroit si vous avez du matériel épais, je n’ai pas pu y attacher ma dragonne Peak Design.

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Un très bel écran, quoiqu’un peu frisquet

Côté écran, nous sommes ici sur une grande dalle de 6,5 pouces, 4K, 120 Hz et d’une résolution de 643 ppp. On est donc face à un très bel écran, idéal pour le retour d’une vidéo ou photo musclée en détails ou simplement pour regarder du contenu. Mais quelque chose a fait tilt.

Par défaut, le rendu des couleurs est un poil trop froid, je comparais les résultats en retouche photo et ces dernières apparaissaient toujours un peu plus froide que sur un écran bien calibré. Mais il est possible de paramétrer l’écran et le problème se règle tout seul, le mode créateur et l’application d’une balance des blancs “moyenne” règle le problème.

Mais à priori sur Lightroom l’appareil passe tout seul en mode créateur, si vous ne regardez pas trop vos photos en dehors des logiciels de retouche je vous conseille de laisser la calibration de l’écran par défaut, le mode créateur s’activera automatiquement lorsqu’il y en a besoin et le reste du temps vous profiterez de couleurs plus vives et agréables pour l’affichage d’interface.

© Mathis pour THM Magazine

Son

Tout d’abord le système de micro est vraiment bon, il capte tout aussi bien devant que derrière, ce qui permet, sur une vidéo par exemple, que celui qui filme et celui filmé soient tous les deux aussi bien entendus.

Côté haut parleur, c’est extrêmement propre. Les aigus sont précis, les basses présentes, tout est bien équilibré. Pour regarder des films c’est parfait, et pour dépanner une enceinte si vous voulez écouter de la musique, posez-le à plat sur une table, nous avons été surpris. De plus, en dessous d’environ 80% du volume, le son est bien préservé.

Logiciel

Cet Xperia Pro-i tourne sous une version vierge d’Android 12. Le système est plutôt bon, c’est Android 12 quoi. Mais l’écran 21:9 aurait mérité d’être un peu plus exploité, certains widgets comme celui de Google Fit ont du mal à s’adapter, ils prennent beaucoup de cases en hauteur pour rien et une légère modification de la ROM pour adapter ce genre de choses aurait pu être une bonne idée.

Par contre, quelque chose que nous avions remarqué sur le Xperia 5 III est malheureusement présent ici aussi, c’est la prolifération de bloatwares. Rien de bien méchant, simplement Facebook, Linkedin et COD Mobile. Mais si nous pouvons fermer les yeux sur un téléphone moins cher, ici nous sommes sur un modèle à 1800€, et pour ce prix c’est une (mauvaise) surprise. De plus, ces derniers ne sont pas vraiment pertinents avec l’utilisation du produit, cela aurait été Lightroom ou Premiere Rush par exemple, leur présence aurait été moins embêtante.

Performances et autonomie

Ce modèle a une spécification plutôt musclée : Snapdragon 888, 12 Go de RAM et 500 Go de stockage. Autant vous dire que tout tourne sans problème. Comme à notre habitude nous avons lancé Genshin Impact histoire de le pousser dans ses retranchements… Et bien le jeu tourne en “Maximum”, 60 FPS avec quelques petits ralentissements mais aucuns soucis en “Élevé”.

Par contre, le téléphone était brûlant, n’ayant pas pu récupérer les infos thermiques autres que celles de la batterie, on peut seulement vous dire qu’après une session de jeu cette dernière était à 48°, ce qui est plutôt élevé et se ressent beaucoup. De manière générale le téléphone chauffe pas mal. Côté autonomie, pendant de grosses tâches, la capacité de la batterie descend très rapidement mais sur un usage classique j’ai pu dépasser la journée sans problèmes. Du côté de la charge on est sur un 30W, comprenez que vous chargerez 50% des 4500 mAh en environ 30 minutes.

Photo/vidéo

C’est ici que le Xperia Pro-i doit faire ses preuves… Et heureusement il nous attendait au tournant, appareil photo fatigué ou photophone sous stéroïdes, c’est un appareil simplement bluffant.

© Mathis pour THM Magazine

Tout d’abord, l’appareil est doté de trois modules :

  • Un grand angle : capteur 12MP avec une focale de 16 mm f/2.2
  • Le module principal : capteur 12MP et focale 24 mm à ouverture variable f/2.0 – f/4.0
  • Un téléobjectif : capteur 12MP et focale 50 mm f/2.4

Ces trois-là sont assistés par un capteur TOF qui aidera pour l’autofocus (nous y reviendrons). Forcément, la première chose qui saute aux yeux c’est l’ouverture variable du 24 mm. Nous sommes ici sur une très bonne innovation, si Samsung avait déjà réalisé cette prouesse en 2018 avec le Galaxy S9, la variation d’ouverture est ici plus de deux fois plus grande.

Pour les moins photographes d’entre vous, nous allons faire simple : plus une ouverture est grande plus le capteur recevra de lumière (la numération est inversée, f/1.8 est une plus grande ouverture que f/2.4 par exemple) mais plus la zone où votre sujet est net sera petite. Ainsi, avec une ouverture plus petite, on peut conserver plus de détails sur l’image mais le flou sera moins prononcé.

Les constructeurs de smartphones font souvent le choix d’une ouverture plus petite car le bokeh, le flou, obtenu est plus spectaculaire et qu’il faut donc moins d’effort au reste du matériel pour obtenir une image lumineuse. Mais selon les utilisations, ce choix peut ne pas être intéressant. On peut penser par exemple à un portrait de face, généralement l’utilisateur souhaite avoir tout le visage de net, ce qui est impossible s’il se trouve près du sujet.

Vous voyez où nous voulons venir, en introduisant sa focale à ouverture variable, Sony laisse le choix de l’ouverture à l’utilisateur et permet à son appareil d’être plus polyvalent. Mais ceci est uniquement de la théorie, voyons ce dont il en retourne.

La cohérence des couleurs est vraiment bonne lors du changement de module. On vous met un petit exemple ci-dessous, les couleurs sont bien cohérentes entre les différents modules. L’appareil permettant d’exporter en RAW et JPEG, les fichiers RAW sont plus représentatifs de la réalité mais les JPEG sont vraiment bien traités, surtout au niveau de la teinte qui est forcément touchée mais dans le bon sens du terme, les photos sont plus jolies à l’œil, vous pourrez utiliser les RAW si vous voulez du réalisme.

Grande-angle
24 mm
Téléobjectif

C’est là que le matériel se ressent, le grand angle fait partie des meilleurs du marché, les détails sont plutôt bien conservés par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir même sur du haut de gamme, l’image garde la neutralité que l’on pourrait attendre sur ce genre de smartphone. Le module principal et son 24 mm, si la définition du capteur n’est “que” de 12 MP, la partie physique règle le problème, le piqué est vraiment bon et l’image bien nette. Même combat pour le téléobjectif, le piqué est très bon et les détails sont bien préservés.

Même en basse lumière ils se débrouillent tous les trois très bien, on pourrait ainsi dire que la force de ce Pro-i repose dans le réalisme de son rendu à toute épreuve.

Fonctionnalités

Si vous avez lu le test du Sony Xperia 5 III, vous savez que Sony a intégré ses applications propriétaires pour tout ce qui touche à la photo ou la vidéo. On vous refait le tour de l’app photo.

En haut, vous pourrez dérouler un menu vous laissant accès aux modes de prise de vue semblables à ceux qu’on peut retrouver sur un appareil photo. Mais vous pouvez aussi bien rester en mode “Basic” qui fera se comporter votre appareil comme un smartphone classique. Et bien ce mode exploite bien mieux les capacités de l’appareil que sur le Xperia 5 III, vous aurez par exemple accès au changement d’ouverture sans rendre la prise plus compliquée qu’un simple appui sur le bouton.

D’ailleurs, parlons de cette ouverture variable, pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, voilà un comparatif de la même photo prise à f/2.0 et f/4.0. La différence entre la zone nette et la zone floue est bien moins marquée. Je n’ai pas de modèles sous la main mais pour des portraits cette variable peut être très importante.

On remarque un flou bien plus marqué sur la photo de droite

L’appareil vous permet aussi de faire des prises de vue en rafale, jusqu’à 20 images par seconde. C’est vraiment beaucoup, on est assez proche des 24i/s d’un film et bien que je n’ai pas trop eu l’occasion d’exploiter cette fonctionnalité, se dire qu’on peut faire des rafales aussi rapides que longues grâce au traitement très rapide qu’offre l’appareil, c’est génial. De plus, le focus suit très bien, la détection du sujet est vraiment efficace et à chaque prise de la rafale il s’ajuste pour garder un sujet net.

Côté caméra frontale, c’est plutôt décevant, les photos manquent de piqué, le capteur a des problèmes de réception de lumière ce qui fait que l’image peut se voiler par moment ou créer des halos… Bref, ne comptez pas trop sur le module avant.

Vidéo

Contrairement aux autres smartphone Xperia nous avons ici deux app de vidéo. Nous ne comprenons pas trop ce choix, l’une étant clairement plus professionnelle que l’autre permet de faire fondamentalement les mêmes choses. Alors pourquoi ?

La seule différence marquante est que “Cinema Pro” utilise uniquement les focales en mode fixe, comprenez “pas de zoom numérique”, pour éviter des perturbations de l’image sûrement… mais cette option pourrait être activé ou non dans une app un peu plus complète. Enfin bref, ces deux apps séparées peuvent perturber un peu.

En termes de fonctionnalités, il peut filmer en 4K, de 23,9 à 119,88 FPS. Vous aurez accès à l’ouverture variable du capteur principal, pourrez modifier la vitesse d’obturation… Ou bien passer sur “Video Pro” pour une utilisation plus simple et automatique.

L’app Cinema Pro intègre quelques fonctionnalités intéressantes comme la programmation de mise au point que nous avions évoqué sur le test du 5 III. Les vidéos vont de pair avec les photos pour ce qui est de la cohérence de l’image. Mais il est légitime de se demander si pour ce tarif nous n’aurions pas pu demander plus, nous voulons dire par là que physiquement l’appareil est très impressionnant mais sur le point logiciel rien ne le différencie de ses petits frères ; si Sony le veut professionnel alors ils auraient pu aller au bout de la démarche et proposer des fonctionnalités spécifiques comme peuvent le faire Apple par exemple.

© Mathis pour THM Magazine

Notre avis concernant le smartphone Xperia Pro-i

Pour de la photo ou vidéo cet Xperia Pro-i est un smartphone vraiment intéressant et, surtout, performant. Pour 1800€ nous n’en attendions pas moins. Mais si le téléphone est très bon sur beaucoup de points, on se sent vraiment limité par son aspect, on aimerait avoir la même chose mais dans un appareil photo. Alors pour 1800€ il est légitime de se demander : à qui s’adresse ce smartphone ? Et bien nous ne savons pas. Aux passionnés de photo et vidéo, certainement, mais pour ce prix on pourrait acheter un bon petit boîtier, ainsi qu’un autre bon téléphone. Mais ce prix, c’est le prix de l’innovation ; si ces technologies arrivent un jour sur des modèles moins chers, on peut dire que ce Xperia Pro-i en sera le moteur. C’est une prouesse technique d’intégrer une partie photo aussi développée, mais cette prouesse a un coût qui fait que le téléphone n’est, au final, pas forcément très intéressant à l’achat. Mais si vous êtes passionné, que vous voulez un smartphone polyvalent et performant qui tient dans votre poche, et que vous n’êtes pas trop regardant sur le prix, alors cet Xperia Pro-i est fait pour vous.

Sony Xperia Pro-i

9

Note Globale

9.0/10

On aime

  • Une partie photo impressionnante techniquement
  • Le form factor particulier mais agréable en main
  • Un superbe écran (bien qu’un peu froid sur certaines utilisations)
  • Un son surprenant pour un smartphone
  • Des perfs dignes de sa gamme
  • Les fonctionnalités offertes par les app propriétaires

On aime moins

  • Les bloatware
  • Sa tendance à chauffer
  • Un prix élevé pour la majorité, rendant flou son public cible