Trop c’est trop ? Vers une crise d’identité du genre Soulslike ?
En 2025, les jeux dits soulslike sont partout. Ce qui était autrefois un courant marginal, réservé aux joueurs en quête de défi, est presque devenu un standard du jeu vidéo moderne. L’engouement est tel que toute nouvelle production arborant une difficulté exigeante, une ambiance sombre et une narration elliptique se voit étiquetée « soulslike ». Mais à force d’exploiter cette recette, le genre semble aujourd’hui stagner, perdant peu à peu l’élan créatif qui a fait sa renommée.

De l’avant-gardisme à la surproduction…
Tout a commencé avec la vision singulière d’Hidetaka Miyazaki et les premiers titres de FromSoftware comme Demon’s Souls, Dark Souls, puis Bloodborne ou encore l’excellent Sekiro. Ces jeux, tous différents dans leur approche, ont marqué l’industrie par leur gameplay exigeant, leur univers immersif et leur narration cryptique. Chaque sortie était un événement, apportant une nouvelle idée, une nouvelle ambiance, une mécanique inédite.

Mais depuis le triomphe critique et commercial d’Elden Ring, les studios s’engouffrent en masse dans cette brèche. Des jeux comme Lords of the Fallen, Wo Long: Fallen Dynasty, Lies of P ou Nioh ont envahi le marché. D’autres, encore attendus comme Mortal Shell 2 ou Duskbloods, promettent peu de ruptures. Ce foisonnement évoque la période 2010-2020 des FPS, marquée par une avalanche d’épisodes annuels de Call of Duty ou Battlefield (et d’autres), au détriment très souvent de l’innovation.
Une formule qui tourne en rond
Le problème c’est un peul a quantité, mais c’est aussi cette forme d’uniformité. La plupart des jeux reprennent les mêmes mécaniques : mondes dévastés, boss imposants, difficulté punitive et minimalisme narratif… Même les variantes dans les décors ou les systèmes de combat ne parviennent pas à masquer une certaine redondance. Les amateurs de lore, en particulier, déplorent l’absence de renouvellement dans la manière de raconter les histoires.

Même les boss, autrefois créatures inoubliables et symboliques, commencent à se ressembler d’un jeu à l’autre. L’inspiration laisse place à la répétition. Et si certains titres parviennent à attirer du monde, le récent Wuchang: Fallen Feathers comptabilise de nombreux joueurs (plus de 130 000 en simultané sur Steam !), ils peinent à offrir une expérience marquante ou cohérente. On a un peu cette impression de « voir toujours le même jeu« , et ce n’est pas forcément qu’une impression…
Ce qui distinguait les œuvres de FromSoftware, c’était justement leur capacité à se réinventer : Sekiro privilégiait la parade au blocage, Bloodborne proposait un rythme effréné, et Demon’s Souls expérimentait même des systèmes dynamiques de difficulté. A quelques très rares exceptions près, ces prises de risque manquent cruellement aux productions plus récentes, trop souvent cantonnées à une imitation servile de Dark Souls, sans âme particulière (et sans parler de l’IA qui va passer par là)…

Bref, à l’heure où chaque grand événement du jeu vidéo présente un ou deux soulslike, la lassitude guette, avec des jeux qui se ressemblent beaucoup (parfois trop).
Pour éviter que le genre ne subisse le même sort que les FPS standardisés des années passées, les développeurs doivent retrouver l’audace qui a fait naître cette mouvance. Car sans renouveau, même les plus grandes œuvres finissent par perdre leur éclat.