J’ai testé pour vous Mafia The Old Country… et c’est très sympa (à une condition)

Avec Mafia The Old Country, le développeur Hangar 13 (déjà l’origine du très bon remake du premier opus) nous propose de découvrir les origines du crime organisé « all’italiana« . Une histoire de mafia sombre se déroulant dans l’impitoyable monde souterrain de la Sicile du début des années 1900. Il faudra ici lutter pour survivre en incarnant Enzo Favara et prouver sa valeur auprès de la Famille dans ce qui est décrit comme « un jeu narratif » de type AA (soit un jeu à petit budget).

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© 2K Games

Un nouveau Mafia à « petit budget » ?

L’histoire d’Enzo se déroule à une époque où la maîtrise du poignard stiletto était un atout mortel, où la lupara (fusil à canon scié) était l’arme de choix, où les vendettas meurtrières faisaient rage pendant des décennies, et où les mafiosi patrouillaient leurs rackets de protection à pied, à cheval ou au volant de voitures de l’époque.

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Visuellement, malgré son côté « petit budget », Mafia The Old Country affiche des graphismes très réussis, avec une campagne sicilienne d’une impressionnante justesse, sans compter une très belle colorimétrie (et un HDR au top). Tout est fait pour créer une ambiance très immersive, et à ce titre, Mafia The Old Country se révèle être un jeu qui se savoure avec les yeux, via une direction artistique vraiment très réussie.

D’ailleurs, les premiers pas sont très (très) guidés, et si le jeu se veut plus « libre » au bout de quelques heures, on reste malgré tout sur une aventure très dirigiste, sans le moindre open world (tel qu’on l’entend) à l’horizon. On peut parfois se balader un peu, mais là n’est pas le coeur du jeu.

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La technique, en revanche, montre quelques fragilités. Les animations de certains personnages peuvent paraître rigides, et quelques effets de physique semblent parfois dépassés. Mais il serait injuste de faire de ces petits défauts un handicap majeur : le plaisir de la mise en scène, le soin apporté aux détails architecturaux et la cohérence visuelle de l’ensemble compensent largement ces limites.

On apprécie également les divers documents et journaux à récupérer (y compris des recettes de cuisine), totalement secondaires, mais qui contribuent eux aussi à l’ambiance générale. The Old Country est un jeu que l’on peut arpenter doucement, en admirant le paysage, telle ou telle maison (le détail est parfois fou !), en optant pour un petit détour le long du lac juste « pour le plaisir« … Le jeu n’est pas une vitrine technologique, il est une œuvre narrative qui mise avant tout sur son atmosphère et son histoire.

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Et sur ce point, Mafia The Old Country excelle. Contrairement à la plupart des productions modernes, le titre n’est pas un quelconque open world. On retrouve ici une approche très resserrée qui permet une écriture plus dense, plus travaillée, et des personnages qui ne sont jamais anecdotiques. La narration n’hésite pas à ralentir le rythme quand il le faut pour installer des moments de tension ou d’émotion. On intègre peu à peu la Famille, et le rendu est vraiment (vraiment) très réussi.

Une immersion impeccable (à condition de jouer en Sicilien) mais des défauts quand même

L’immersion est également renforcée par la localisation en sicilien, un choix audacieux mais payant. Entendre les personnages s’exprimer dans leur langue d’origine apporte une authenticité supplémentaire et transforme chaque conversation en petit bijou de mise en scène. On sent que les développeurs ont pris le temps de travailler la langue et la diction, et cela se ressent dans l’émotion et la crédibilité des échanges. A tel point que l’on vous déconseille fortement de jouer à ce Mafia The Old Country autrement qu’en Sicilien.

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La musique, de son côté, accompagne parfaitement ce voyage. Les compositions alternent entre thèmes jazzy, morceaux plus intimistes et passages dramatiques qui soutiennent l’action sans jamais prendre le dessus. La bande-son contribue à faire de chaque mission une expérience presque cinématographique, où le joueur se sent à la fois acteur et spectateur.

Pour autant, Mafia The Old Country n’est pas exempt de défauts. Le plus notable est sans doute ce que l’on pourrait appeler le « syndrome Ubisoft » : le système de vision qui met en évidence les ennemis ou les objectifs. Dans un jeu qui mise autant sur l’immersion et la subtilité narrative, cette fonction semble un peu hors de propos. Elle tranche avec le réalisme du reste et peut casser l’impression d’être plongé dans un monde crédible.. mais rien n’impose son utilisation. On pourra également regretter un côté très scripté dans certaines séquences, qui ne vous permettent pas de vous éloigner de votre acolyte par exemple, sous peine de voir la mission échouer.

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Les moments d’action sont chorégraphiés avec un côté très « old school », et certains joueurs pourraient ressentir une frustration face à ce manque de liberté (quand d’autres apprécieront au contraire ce style très simple, « comme avant »). De leur côté, les affrontements au couteau se révèlent corrects mais sans plus, avec en prime un côté assez répétitif. Les phases d’infiltration, sans être désagréables là non plus, se montrent clairement datées, avec des gardes très simples à contourner et à éliminer (inutile de déplacer les corps, ça ne sert à rien).

Enfin, il faut aussi accepter de passer par une longue introduction : les trois premières heures du jeu ressemblent à un tutoriel géant, nécessaire néanmoins pour installer l’univers et les mécaniques, mais qui peut donner l’impression d’avancer très lentement avant de véritablement entrer dans le vif du sujet.

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Malgré ces réserves, le plaisir reste intact. La direction artistique et la mise en scène suffisent à emporter le joueur, et la force de la narration finit par faire oublier les petites limites techniques ou structurelles. Le jeu ne cherche pas à impressionner par la taille de sa carte ou la complexité de ses systèmes, mais par la qualité de son écriture et l’intensité de son ambiance. Et sur ce terrain, c’est réussi.

Enfin, côté durée de vie, Mafia The Old Country nécessitera environ 15h de votre temps. Pas plus. Le titre alterne entre séquences purement narratives, course-poursuites et phases d’action (un peu à la Uncharted), et se voit découpé en divers chapitres scriptés, permettant de vivre l’évolution de la vie d’Enzo au sein de la Famiglia Torrisi.

Notre avis concernant Mafia The Old Country


Si vous attendiez de Mafia The Old Country un jeu à gros budget, un open-world, un titre résolument moderne et/ou un jeu à même de vous occuper durant 40 heures, vous serez déçus. En revanche, si vous n’êtes pas contre une expérience solo à l’ancienne (à jouer en Sicilien), une narration très travaillée (et donc très scriptée), une ambiance parfaitement rendue, et apte à accepter certains défauts techniques et autres mécaniques vraiment vieillottes, alors vous passerez sans doute un bon moment en compagnie d’Enzo et des siens. Pas le jeu de l’année non, mais une chouette expérience « Mafia » malgré tout.

 

Mafia The Old Country

8

Note Globale

8.0/10

On aime

  • Un jeu narratif maitrisé
  • Visuellement très accrocheur (DA superbe)
  • L'immersion vraiment (vraiment) impeccable
  • Les personnages et la trame scénaristique
  • Le doublage en Sicilien
  • Durée de vie idéale pour le genre

On aime moins

  • Un jeu trop scripté pour certains
  • La technique assez limitée
  • Les duels au couteau, bof bof...
  • La vision d'aigle "à la Ubisoft"... mais pourquoi ?
  • Un gameplay vieillot (mais pas désagréable pour autant)