Test Dragon Quest 1 & 2 HD Remake : nouveau retour magistral aux origines du JRPG
Il y a des sagas dont le simple nom ranime une bouffée de souvenirs, et Dragon Quest fait partie de celles-ci. Pendant longtemps cantonnée au marché japonais, la série avait la réputation d’être un trésor un peu inaccessible pour les fans occidentaux. Les premières traductions, parfois tardives, ont fini par ouvrir la voie, mais c’est surtout à partir de 2010 que la franchise s’est durablement installée dans le paysage international grâce à une stratégie plus ouverte, une présence accrue sur consoles modernes et une communication enfin tournée vers le monde entier. Aujourd’hui, replonger dans les épisodes fondateurs n’a plus rien d’un rêve lointain : c’est une invitation nostalgique que les joueurs peuvent accepter en un clic.
Dans cette dynamique, le remake de Dragon Quest III HD-2D Remake a déjà fait beaucoup parler de lui. En modernisant un classique sans le trahir, il a rappelé à quel point ces jeux pionniers restaient pertinents. Le succès critique et public du projet a rassuré quant à l’avenir des remakes HD-2D et a naturellement ouvert la voie à une « suite », à savoir la réinterprétation des deux premiers épisodes, proposés ici dans une compilation cohérente. L’effet de surprise n’est plus vraiment là, c’est vrai, mais l’excitation demeure : retrouver ces piliers du JRPG avec un soin moderne reste un plaisir intact.
Une compilation qui va plus loin
Dragon Quest 1 & 2 HD Remake reprend bien sûr l’esthétique HD-2D raffinée popularisée ces dernières années, mais ne se contente pas de répliquer la formule. Les développeurs ont intégré plusieurs ajustements bienvenus, absents du remake de Dragon Quest III HD-2D Remake ou, du moins, moins aboutis.
Parmi eux : une gestion plus fluide des déplacements, des allers-retours drastiquement allégés grâce à des options de confort plus nombreuses, et un système de voyage qui facilite la navigation sans dénaturer l’exploration. Les joueurs vétérans comme les nouveaux venus profiteront d’un rythme plus agréable, notamment dans le premier épisode où la structure archaïque pouvait parfois freiner la progression.
Le “mode Facile” mérite également d’être souligné. Dans Dragon Quest 3 Remake, il avait été critiqué pour son côté un peu trop permissif, avec une invincibilité qui flinguait l’expérience. Ici, il a été entièrement revu : le joueur bénéficie d’un coup de pouce, mais n’est plus invincible. Les combats gardent leur enjeu, sans jamais (ou presque) devenir frustrants. Une excellente décision, qui rend la compilation plus accessible sans sacrifier l’esprit originel.
L’un des plus grands défis dans l’adaptation de ces deux premiers épisodes concernait leur narration. Dragon Quest 1 et 2 restent des jeux conçus dans les années 80, avec des scénarios simples et une structure très minimaliste. Les remakes prennent ici une direction proche de celle de Dragon Quest 3 HD-2D : une narration plus fluide, plus cohérente, et mieux intégrée à la trilogie. Les dialogues ont été retravaillés, les transitions scénaristiques améliorées et la mise en scène subtilement enrichie.
Le résultat ne transforme pas ces anciens récits en épopées modernes, mais leur donne un cadre plus élégant. L’univers gagne en lisibilité, les personnages profitent d’un peu plus de relief, et l’ensemble forme un tout homogène avec l’épisode 3, permettant d’apprécier pleinement la première trilogie telle qu’elle aurait pu être conçue aujourd’hui.
Un gameplay remis à neuf
Côté gameplay, les ajustements sont nombreux mais toujours discrets. Les combats ont fait l’objet d’un rééquilibrage intelligent : la difficulté est mieux dosée, les pics abrupts ont été adoucis, et la montée en puissance du héros est plus naturelle. Le deuxième épisode, réputé pour son challenge parfois injuste, bénéficie d’un lifting particulièrement appréciable. Les ennemis sont plus variés, les rencontres aléatoires moins oppressantes et les capacités des héros davantage mises en valeur.
L’exploration reste l’un des plaisirs centraux de la compilation. Malgré leur âge, les deux jeux offrent un niveau de liberté étonnamment moderne : peu de jeux récents osent encore laisser le joueur s’égarer autant. On se retrouve souvent à arpenter le monde sans véritable indication, simplement porté par la curiosité. Cet esprit d’aventure brute, épique, n’a rien perdu de son charme.
Les options de confort, elles, transforment l’expérience sans l’altérer : carte plus lisible, déplacements plus rapides, outils pratiques pour revenir rapidement sur ses pas. Elles ne trahissent jamais l’esprit original, et éliminent les lenteurs, pas la difficulté.
Graphiquement, le rendu HD-2D fait encore des merveilles. Les effets de lumière, les animations, la profondeur des décors… Tout concourt à sublimer l’atmosphère des deux jeux. Là où certains craignaient une redite du remake de l’épisode 3, les développeurs parviennent à éviter la monotonie grâce à des environnements distincts, un travail colorimétrique plus marqué et des détails nouveaux qui donnent une identité propre à chaque région.
Les musiques, réorchestrées, offrent un vrai souffle épique. Les thèmes cultes retrouvent une ampleur qui dépasse largement les limitations techniques des versions originales. C’est l’un des points forts de la compilation, tant l’ambiance sonore participe à la redécouverte de ces jeux fondateurs.
Quelques faiblesses, héritées du passé
Tout n’est pas parfait, bien sûr. La compilation, par définition, s’appuie sur deux jeux très anciens : il en résulte une impression de redite, parfois inévitable. Certains passages donnent le sentiment de jouer “au même jeu”, surtout lorsqu’on enchaîne les deux épisodes d’une traite. Le remake de l’épisode 3 avait l’avantage d’être plus riche, plus novateur, et ici, l’effet de découverte est forcément moins fort.
Les donjons, parfois labyrinthiques et un peu lourds, rappellent le level design d’une autre époque. De même, les allers-retours restent nombreux malgré les options de confort : on améliore la fluidité, mais la structure ne change pas. Les joueurs habitués aux RPG modernes pourront y voir un vestige un peu daté, mais rien d’insurmontable malgré tout.