L’une des sorties les plus attendues de ce début d’année était sans nul doute « Deadpool », qui a attiré un nombre incalculable d’aficionados avant même sa sortie en salles. Cette popularité est sans nul doute due à une campagne promotionnelle bien sentie et pleine de promesses alléchantes. Il n’y a qu’à voir toutes les bande-annonces et autres teasers sortis pour chauffer le public. Après une première apparition -il faut le dire- carrément foireuse dans « X-Men Origins : Wolverine », la 20Th Century Fox a enfin daigné proposer à Deadpool son propre film. Et après une adaptation aussi ridicule et irrespectueuse du comics original (un mutant muet et tout blanc), elle lui devait bien ça. Mais autant vous prévenir tout de suite, « Deadpool » n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains…

L’HISTOIRE

Wade Wilson est un mercenaire décontracté, dont l’humour oscille entre le volage et le vulgaire. Il ne se considère pas comme un héros et n’a d’ailleurs qu’une piètre estime de lui-même. Puis il rencontre Vanessa et sa vie prend alors une toute autre ampleur… jusqu’à ce qu’il apprenne une accablante nouvelle. Atteint d’un cancer généralisé, Wilson n’a plus beaucoup de temps à vivre.

Désarmé et sans plus aucun espoir, il se raccroche alors à l’ultime chance de prolonger sa vie, qui lui est donnée par un mystérieux recruteur. Ce dernier lui propose de lui inoculer des pouvoirs spéciaux qui l’aideront à empêcher son cancer de le tuer. Évidemment, la carotte est trop belle pour être vraie. Mais Wade accepte, aveuglé par son désir de continuer à vivre avec celle qu’il aime…

Pour un public averti

Je pensais pourtant être préparé à découvrir un film plutôt fun et décalé, voire parfois un peu gras (vus les derniers trailers non censurés). Mais j’étais loin de me douter qu’ils iraient aussi loin. On a affaire à un réalisateur complètement barré! C’est rien de le dire. Oubliez tout ce que vous connaissez de l’univers X-men ou Marvel ou même DC. Deadpool, c’est rien de moins que l’anti-héros marvellien par excellence. Difficile d’aller plus loin que ça. Et puis d’ailleurs, les limites ont largement été franchies, au point que le film a été classé « R-Rated » aux Etats-Unis (c’est à dire interdit aux -17 ans non accompagnés).

Curieusement, notre CSA a fait preuve d’une clémence assez inhabituelle puisque Deadpool est « seulement » déconseillé aux moins de 12 ans en France. Et pourtant, vous pouvez me croire : Deadpool, c’est 01h48 de violence et de vannes grasses très copieusement répandues dans les dialogues. C’est une véritable orgie… qui pourra d’ailleurs en faire décrocher certains à n’en pas douter.

Photo de famille

Les 3 V : violent, vulgaire,vivifiant

Je sais ce que vous allez me dire. « Cherchez l’erreur ». Et pourtant je ne me suis pas trompé de mot. Malgré les doutes qui pourront vous assaillir à chaque séquence, toutes plus what the fuck les unes que les autres, Deadpool réussit le tour de force de convaincre par sa fraîcheur. Le plus drôle, c’est que le film prend un plaisir jubilatoire à démonter brique par brique tous les codes Marvel, pour mieux se les réapproprier. Le format blockbuster est bien là. Vengeances, scènes de baston, gunfights, en veux-tu, en voilà… L’action ne manque pas.

Mais au milieu de tout cela, impossible de prendre le film une minute au sérieux tant le héros va vous prendre à rebrousse poil. Chaque fois que Deadpool semble se comporter comme un héros, il donne le change en vous faisant retomber sur terre au moyen d’une petite réplique bien fumante dont lui seul a le secret. A la fois badass et complètement déjanté, Deadpool n’en a rien à secouer de savoir si ce qu’il fait est bien ou même décent. Au milieu des Avengers et des X-men, au ton cérémonieux et dramatique pour la plupart, le « héros » arrive comme un cheveu sur la soupe, mais un cheveu qui donnerait de la saveur à une soupe un peu fade. Au passage, les X-men dérouillent un max mais je ne vous en dis pas plus…

Scénario expéditif mais casting efficace

Tout ne rend pas enthousiaste pour autant, puisque si Deadpool brille par son arrogance et son côté sale gosse, on ne peut en dire autant de son scénario, bateau voire parfois carrément insipide. On sent que les scénaristes sont à la peine lorsque le rythme du film s’essouffle et qu’il doit être compensé par un gag ou deux du héros en vinyle rouge.

La structure même du récit, même si elle est parsemée de petites choses savoureuses ici et là, n’en reste pas moins terriblement plan plan. Néanmoins, si le bât blesse à ce niveau, le film se rattrape en démontrant d’autres qualités venant rééquilibrer le tout, et divertit sans se forcer. Un divertissement marqué par une audace de mise en scène assez rare pour être soulignée. (Deadpool brisant le quatrième mur en s’adressant au spectateur, l’auto-parodie avec les nombreux caméos à X-men, etc.).

Une beauté pareille… J’en perds mon latin

Côté casting, rien à redire. Ryan Reynolds reprend le rôle de Deadpool qu’il avait déjà dans  « X-men origins » (d’où la notion de héros réhabilité). Il assure plutôt bien même s’il évolue masqué la plupart du temps. Il est accompagné de la somptueuse Morena Baccarin, une comédienne brésilienne de série principalement (vue dans « V », « Homeland » et « Gotham »). Un véritable régal pour les yeux. Faisant office de méchants, le couple Ed Skrein (« Le transporteur : l’héritage ») / Gina Carano (championne de MMA devenue incontournable) tient bien la route lui aussi. Même si on aurait apprécié une meilleure exploitation des personnages secondaires, lesquels sont tous relégués au second plan tant Deadpool tient vraiment tout le film sur ses épaules.

Notre avis concernant Deadpool

Par son ton irrévérencieux, vulgaire et incroyablement racoleur, Deadpool déplaira certainement à tous ceux qui ne rentreront pas immédiatement dans le ton choisi. Et pourtant, qu’on le veuille ou non, ce ton est, à la gamme près, exactement celui du comics original, dans lequel le héros savate, découpe, flingue à tout va sur fonds de vannes savoureusement grasses. Le respect du matériau de base est ici total. Ce nouveau personnage arrive à point nommé pour nous faire un peu changer d’air au milieu de tous ces héros marvelliens qui continuent d’affluer en masse. Un grand moment de divertissement. Je dirais même plus : un plaisir coupable !

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