Test Space Adventure Cobra, loin d’être parfait, mais un chouette trip nostalgique

Après Goldorak (et le Festin des Loups), l’éditeur français Microids continue de donner vie aux licences de notre enfance, en adaptant cette fois un certain Cobra. Aux commandes de ce projet, on retrouve la petite équipe de chez Magic Pockets, avec une adaptation qui va venir se focaliser sur les 12 premiers épisodes de la série animée. Evidemment, nous étions sceptiques face à cette énième adaptation, mais dès les premières minutes de jeu, on est rassuré face à ce Space Adventure Cobra. Attention, il ne s’agit aucunement d’un grand jeu, mais cela ne l’empêche pas de procurer un certain plaisir malgré tout, grâce à une adaptation très soignée et très nostalgique.

Space Adventure Cobra, une aventure rétro pleine de nostalgie

Rappelons que Cobra est une série animée japonaise culte des années 1980, adaptée du manga de Buichi Terasawa. Elle raconte les aventures spatiales de Cobra, un héros insouciant mais charismatique, armé du redoutable Psychogun greffé à son bras. Un peu à l’image d’un Lupin ou d’un Nicky Larson, la série mêle science-fiction, humour, action, séduction et style rétro, marquant durablement l’imaginaire des amateurs d’anime.

L’un des plus grands atouts de ce Space Adventure Cobra réside sans conteste dans son habillage et son identité visuelle. Dès les premières minutes, le joueur est plongé dans un univers qui rend hommage à l’animé : le lancement d’une mission reprend la mise en scène d’un épisode, avec un générique et une ambiance qui évoquent directement la série télévisée. Cette approche donne un charme fou et installe immédiatement une atmosphère familière pour les fans.

De nombreuses séquences issues de l’animé viennent d’ailleurs ponctuer l’aventure. Loin de simples extraits collés maladroitement, elles s’intègrent assez bien au déroulé, renforçant l’impression de participer à une aventure complète de Cobra. Ce procédé, qui peut sembler banal aujourd’hui à l’ère des cinématiques réalistes, a un charme tout particulier, surtout pour ceux qui ont découvert Cobra à travers la télévision.

Le doublage français, point souvent négligé dans ce type d’adaptation, bénéficie ici d’un vrai soin. Les voix (modernes) collent bien aux personnages, et les répliques, souvent teintées d’humour, respectent l’esprit de l’œuvre originale. Associé à une ambiance sonore travaillée, avec des musiques qui alternent entre l’action et la détente, le jeu dégage une identité sonore immédiatement séduisante.

Une aventure très classique mais ponctuée de bonnes idées

Sur le plan du gameplay, Space Adventure Cobra ne révolutionne rien. Il s’agit avant tout d’un jeu d’action/plateformes relativement linéaire, découpé en missions qui rappellent des épisodes indépendants. Ce choix de structure fonctionne bien : chaque mission démarre avec un petit habillage narratif qui donne envie de découvrir la suite.

Ce jeu d’action/plateformes en 2,5D emprunte divers éléments de gameplay à Metroid Dread (pour le canon) ou encore au récent Prince of Persia The Lost Crown (pour certaines phases de plateforme), mais avec des moyens nettement moins importants. N’allez pas croire que le jeu signé Magic Pockets puisse rivaliser avec ces deux références d’un strict point de vue gameplay ou réalisation. Toutefois, couplé à la licence Cobra, la formule se révèle plutôt agréable dans l’ensemble.

Le Psychogun, arme mythique de Cobra, est évidemment de la partie, et son utilisation confère une touche unique au gameplay. Certains passages se révèlent particulièrement intéressants, notamment lorsqu’il faut utiliser cette arme de manière créative ou affronter des ennemis emblématiques de l’univers. Même si tout n’est pas inoubliable, le joueur trouve régulièrement de quoi se raccrocher, que ce soit par un décor, un boss bien mis en scène ou une cinématique culte.

D’ailleurs, lors d’une utilisation optimale du Psychogun, on a droit à une courte séquence animée très stylée. Idem lors de l’attaque spéciale. C’est bref, ça n’a l’air de rien, mais ça renforce l’immersion.

Un peu comme Tortues Ninja sur NES, Dragon Ball Z sur Super Nintendo, Les Chevaliers du Zodiaque sur PS3… les jeux ne sont pas extraordinaires, mais c’est bien l’adaptation qu’on vient chercher ici, la possibilité d’incarner son héros favori et/ou de revivre certains passages emblématique des licences en question.

Enfin, difficile de ne pas saluer l’édition physique proposé par l’éditeur. Pour un prix avoisinant les 30 €, le joueur obtient non seulement le jeu, mais aussi un petit artbook, cet objet collector qui prolonge le plaisir et offre un aperçu de l’univers graphique de Cobra. À l’heure où de nombreux jeux se contentent d’une boîte vide, d’une cartouche « Clé » ou d’un code de téléchargement, cette attention fait plaisir et renforce l’aspect nostalgique de l’expérience.

Limites techniques et un jeu résolument « old school »

Malgré de vraies qualités, Space Adventure Cobra n’a rien d’un jeu « moderne ». Techniquement, le jeu est daté, et cela se ressent dès les premiers niveaux. Les graphismes, bien que fidèles à l’univers, manquent de finesse et trahissent une conception qui semble provenir d’une autre époque. Les animations sont très rigides, le gameplay accuse lui aussi quelques faiblesses parfois, et les décors, bien que variés, sont très simplistes, avec même certains effets aux abonnés absents.

Le level design souffre également de ce côté « à l’ancienne« . Certaines zones sont franchement peu inspirées et se contentent de dérouler un chemin basique, sans véritable inventivité. Dans un genre qui demande souvent de la précision et une progression bien pensée, cette relative pauvreté se fait vite sentir.

La difficulté est aussi à pointer du doigt. Si certains joueurs apprécient un challenge relevé, d’autres risquent de trouver l’aventure frustrante. Certains passages semblent exagérément difficiles, surtout quand le gameplay manque autant de souplesse. À l’inverse, d’autres séquences, notamment vers la fin du jeu, sont expédiées bien trop vite, donnant un sentiment d’inachevé. On aurait aimé que la conclusion bénéficie du même soin que les débuts.

Un jeu qui s’adresse avant tout aux nostalgiques

Au final, Space Adventure Cobra est un titre paradoxal. D’un côté, il propose une expérience qui fait vibrer la corde nostalgique, avec son habillage très soigné, ses nombreuses séquences animées, quelques séquences bien senties, son doublage français réussi et son ambiance sonore enthousiasmante. De l’autre, il souffre de limites techniques évidentes, d’un level design parfois paresseux et d’une difficulté mal équilibrée.

Pourtant, malgré ces défauts, il parvient à séduire un certain public. Les amateurs de rétro et les fans de l’anime y trouveront une expérience unique, à mi-chemin entre le dessin animé et le jeu vidéo classique. Ce n’est clairement pas un chef-d’œuvre, ni même un « bon jeu vidéo« , mais plutôt un hommage sincère, conçu avec suffisamment de soin pour marquer les esprits.

Côté durée de vie, comptez une dizaine d’heures pour boucler les différents (12) chapitres du jeu, et un peu plus si vous êtes du genre à vouloir collecter toutes les améliorations. Une treizième mission est disponible en DLC (et offerte avec la version physique), sans oublier une poignée de missions « bonus ».

Si vous êtes sensible à l’univers de Cobra et que vous aimez les adaptations qui respirent l’amour du matériau original, ce jeu vaut peut-être le détour, surtout dans sa version physique, proposée à un prix accessible et agrémentée d’un artbook. Pour les autres, qui attendent avant tout une expérience de jeu solide et moderne, il ne présentera aucun intérêt.

Space Adventure Cobra

7

Note Globale

7.0/10

On aime

• L'habillage général, impeccable (et les extraits du dessin animé)
• Un mélange action/plateformes à l'ancienne, mais agréable
• Les (nouveaux) doublages FR très réussis
• La bande-son fantastique
• Durée de vie
• L'usage du Psychogun. Quel kiff !

On aime moins

• Des années de retard, techniquement parlant
• Gameplay parfois rigide et peu précis
• Pas beaucoup de variété
• Un level design (très) peu inspiré parfois
• La fin de l'aventure, assez étrangement expédiée