Test Watch Dogs 2 : Hacker, Better, Hipster, Codeur

Watch Dogs, c’est le pari ambitieux d’Ubisoft de s’attaquer à un problème qu’est en train de faire face notre société mais qui déjà, il y a quelques années, avait été anticipé par un certain Philip K.Dick et dont les romans nourrissent encore aujourd’hui bon nombre de réalisateurs et scénaristes. Un pari fou annoncé à l’E3 2012 et qui avait énormément nourrit l’attente des joueurs mais qui s’est finalement avéré décevant… Bien décidé à revoir sa copie, Ubisoft propose depuis le 15 novembre dernier Watch Dogs 2. Le jeu est-il vraiment plus ambitieux ? Notre verdict dans ce test.

Big data, machine-learning, etcetera

Que l’on parle de Watch Dogs ou de Watch Dogs 2, si l’oeuvre d’Ubisoft reste une fiction, on ne peut indéniablement pas la comparer avec le monde qui nous entoure. K.Dick l’avait imaginé dans Minority Report et c’est finalement grâce au machine-learning qu’aux États-Unis, les données collectées auprès des utilisateurs permettent de réaliser des prédictions en vue d’empêcher des faits de se produire. Après tout, tout n’est qu’une question de probabilités.

Et bien, Watch Dogs 2 c’est un peu la mise en abime de notre quotidien. Cette même mise en abime qui, médiatiquement, commence à prendre de plus en plus d’ampleur à l’écran : Snowden, Mr.Robot étant des exemples parmi d’autres… Quoiqu’on en pense, plutôt qu’être esclave de cette situation, Watch Dogs 2 nous propose d’être l’acteur d’un mouvement hacktiviste.

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Le press kit contient un livre façon « comic-book » qui regorge d’informations autour du jeu
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Marcus entouré des membres de DedSec

Vous incarnez Marcus Holloway, hacker appartenant au collectif DedSec et dont l’objectif est d’avoir la main mise sur le ctOS 2.0 : un logiciel capable de surveiller chaque individu connecté de San Francisco. De DedSec dans Watch Dogs 2 en passant par FSociety de Mr.Robot, ces groupes d’hacktivistes tirent tous leur inspiration du mouvement Anonymous qui lui même en est une de V pour Vendetta et de surcroît Guy Fawkes.

Bref vous l’aurez compris, si d’apparence Watch Dogs 2 semble être un divertissement, la culture et le travail réalisé par l’équipe d’Ubisoft Montreal est de nouveau poussé à son paroxysme. En résulte un univers riche, qui fourmille de détails et dont le développeur n’hésite pas à se mettre en scène en proposant une mission où le joueur est invité à pirater un ordinateur de la société, en vue de récupérer un leak d’un trailer pour le futur E3. Chapeau.

If you’re going to San Francisco

Exit Chigago et la vendetta du très anticharismatique Aiden Pearce, Watch Dogs 2 vous plonge en plein San Francisco. Après quelques balades, on constate d’ailleurs que la modélisation de la ville est plutôt fidèle. Du pont Golden Gate en passant par la Silicon Valley et ses maisons atypiques, le terrain proposé par le jeu est vaste et ne manque pas d’allusions à la réalité.

Même Google et Facebook y sont représentés mais sous des noms et images différentes. De nombreux lieux sont à découvrir et à photographier grâce à une application installée sur le smartphone de notre héros. En réalisant ces clichés, vous gagnerez en popularité en récoltant de nouveaux followers tel un compte instagram ou YouTube. Et c’est cette forme d’influence et empreinte virtuelle qui sert de point d’expérience en vue de faire évoluer les compétences de notre héros. Astucieux.

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Les captures mettent le jeu bien à son avantage

Après une première mission qui permet de se familiariser avec les contrôles et qui affiche l’ambition de notre héros à lutter contre le programme ctOS et la société Blume, Marcus alors confondu par un criminel par le ctOS décide d’effacer son profil de la machine et rejoindre ses camarades de DedSec : Wrench, Sitara, Josh et Horatio.

Contrairement à Watch Dogs, ce second volet met l’accent sur le charisme des personnages. Ainsi, on apprécie les différences de caractères entre les protagonistes et on salue également la légèreté de certains dialogues où l’humour potache est bien présent ! Un changement radical vis à vis du premier opus mais qui finalement n’est pas si éloigné du style des jeunes d’aujourd’hui.

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Le duo Marcus, Wrench fonctionne bien !

C’est d’ailleurs votre smartphone qui sert de guide au cheminement des différentes missions. Le détail est poussé jusqu’à l’achat d’applications qui permettent tantôt de jouer au VTC, tantôt d’appliquer des filtres sur vos photos. Les objectifs se distinguent en plusieurs catégories : principale, secondaire mais également en ligne et hors-ligne.

La mise en scène des missions est dans son ensemble réussi. Différentes cut-scenes viennent agrémenter l’avant et l’après et enrichissent le travail réalisé sur le scénario : démanteler une secte, hacker Ubisoft, dérober l’ersatz virtuelle de K 2000, le tout s’illustre dans un ton pour le moins décalé. On apprécie.

Le syndrome MGS

Malheureusement c’est bien le coeur même des missions qui nous a le plus posé problème. À savoir les phases de gameplay. Si dans Watch Dogs il était assez facile d’isoler les gardes en vue de les assommer, Watch Dogs 2 revoit à la hausse sa difficulté.

Bien sur, le joueur peut toujours s’appuyer sur l’environnement et son smartphone pour manipuler la ronde des gardes, mais il devient plus difficile de les berner. Pire encore, la plupart peuvent appeler des renforts et le moindre faux pas déclenche ce qu’ici à la rédaction nous appelons le « syndrome Metal Gear ». C’est à dire cette sensation que l’ennemi vient en masse de nulle part et arrive précisément à localiser le joueur et ce même en dehors de la zone de danger. Ne comptez d’ailleurs pas sur vos armes à feu.

Non seulement elles vous exposent à l’ennemi, mais elles ne feront qu’accentuer votre présence hostile. Si bien qu’au final, le meilleur moyen de boucler les missions réside dans l’infiltration, le combat au corps à corps et l’utilisation des drones. Déconcertant.

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L’élimination discrète : la meilleure arme du jeu

À cela vient s’ajouter un chapitre que l’on avait oublié du premier opus : la conduite ! Oui car en tant que hacker, vous ne serez pas à l’abri d’être poursuivi en dehors d’un bâtiment.

Et c’est une fois le pad en main que ce mauvais souvenir a ressurgi… Croyez-nous, fuir à vive allure en véhicule dans San Francisco en espérant pouvoir activer les différents pièges disséminés ville reste assez compliqué dans la pratique… Pour que cela soit efficace, il faut garder un oeil sur votre poursuivant, donc utiliser la vue arrière, attendre le bon moment que le poursuivant passe à proximité du piège pour le coincer, le tout en ayant aucune visibilité ni même un confort ergonomique pour diriger la course folle de votre véhicule.

Déroutant d’autant plus qu’un GTA reste plus efficace et permissif sur ce point. Bref, cela manque d’équilibre et la physique des véhicules est toujours aussi intriguante…

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Si la forme est nettement plus travaillée que son prédécesseur, ici c’est le fond qui fait de nouveau défaut. Il s’agira donc bien trop souvent de se rendre dans un endroit, trouver une clef d’accès, déverrouiller un pare-feu, pirater un ordinateur, rester à proximité pour récolter les données, résoudre un puzzle, déclencher un évènement puis s’enfuir. On aurait apprécié un peu plus de diversité.

Mention spéciale toutefois pour le principe de followers qui, comme nous l’avons dit auparavant, permet de gagner des points de recherche en  vue d’améliorer les capacités de Marcus au travers un arbre de progression. D’ailleurs, certaines compétences nécessiteront la réalisation de certaines missions pour être débloquées.

PS4 et PS4 Pro pas à la même enseigne

Visuellement la modélisation de San Francisco se veut fidèle. Comme nous avons pu le dire de multiples lieux emblématiques sont à visiter et se reconnaissent aisément. L’affichage ne souffre pas de ralentissements, mais toutefois l’aliasing est assez présent sur PS4. Phénomène qui, selon certains de nos confrères, semble s’effacer sur PS4 Pro. Dommage, on aurait aimé pleinement pouvoir en profiter sur notre support et ainsi le comparer à la référence en la matière : Uncharted 4. Nettement moins sombre que Chicago, on garde cependant un meilleur souvenir des effets de lumière de Watch Dog. Rassurez-vous toutefois, hormis ces quelques détails le jeu vaut vraiment le coup d’oeil et les multiples points d’intérêt référencés par l’application ScoutX vous permettront de découvrir quelques jolis tableaux…

Notre avis concernant WatchDogs 2

Difficile de bouder face à Watch Dogs 2. Plus convaincant que son grand frère grâce à sa mise en scène et ses personnages plus charismatiques, le jeu accuse toutefois de quelques lacunes ici et là qui en font un titre que nous trouvons moins accrocheur qu’un GTA. Toutefois en dépit de ce défaut, nous saluons de nouveau le travail des équipes d’Ubisoft Montreal pour proposer un scénario dont l’intrigue tire ses ficelles sur ce que notre société en train de devenir aujourd’hui.

Test réalisé à partir de la version presse sur PlayStation 4

WatchDogs 2

7.5

Notre avis

7.5/10