Test F1 2016 PS4 : un nouvel opus « bien mais pas top » ?

A l’instar des pilotes de F1 eux-mêmes, les fans de la discipline, adeptes de jeux vidéo, ont eux aussi connu « gloires et désillusions » ces dernières années. En effet, si F1 97 reste pour certains une référence en la matière, d’autres ne jurent (encore !) que par Grand Prix Legends, ou un autre ancêtre : Grand Prix 4. Après quelques années fastes, les années 2000 furent rudes pour la F1 virtuelle, avec des opus très décevants (signés EA ou encore Sony Computer), jusqu’à ce que Codemasters se charge de prendre la relève, avec notamment un exceptionnel F1 2012. Toutefois, depuis, la sphère F1 virtuelle est retombée dans ses travers, avec des opus (toujours signés Codemasters) un peu décevants, et notamment un F1 2015, disons-le, franchement indigne.

F1 2016 PS4 Xbox One

« Bienveuunue dans Formula Ouane ! »

Avec ce F1 2016, Codemasters avait donc à cœur de redorer le blason de la F1 virtuelle d’une part (et le sien par la même occasion), mais aussi de proposer enfin aux fans de la discipline un jeu digne de ce nom : réaliste, beau, fluide, complet, prenant… Nouveau mode Carrière remanié, moteur technique revu à la hausse, contenu plus immersif que jamais…

Codemasters a promis monts et merveilles avec ce F1 2016, disponible depuis quelques jours à la rédaction de THM Magazine. L’occasion pour nous d’avaler gaiement quelques centaines de kilomètres de piste, de briser quelques ailerons, de déverser un peu de champagne sur les hôtesses, et de vous livrer notre verdict complet.

F1 2016 PS4 (4)

On ne va pas se mentir, c’est les mains tremblotantes que nous avons inséré le disque F1 2016 dans notre PS4, avides de retrouver enfin un jeu de F1 « next gen », mais également un peu terrifiés à l’idée de vivre une énième déception. Passons sur l’horrible jaquette du jeu et cette insupportable voix française qui nous souhaite la « Bienvenue dans Formula Ouane« , la nouvelle interface de ce F1 2016 est assez sobre dans l’ensemble, même si Codemasters exhibe fièrement (et justement) sa licence officielle au fil des menus. Partie rapide, Carrière, Contre la montre, Multijoueur… Tout est là, à portée de Dual Shock 4 !

Premiers tours de piste

Après un bref passage dans les options du jeu pour peaufiner l’affichage (et virer ces p***** de flèches de proximité…) et la jouabilité, il est grand temps de lancer un Contre la Montre, sur le circuit de Montréal, à bord de la Ferrari de Sebastian Vettel. On peut définir le temps sur Sec ou Pluie, et gérer l’heure de la session. Sympa. Une fois le chargement terminé, on profite là encore d’un habillage très stylé, avec les logos officiels de présentation, histoire de plonger le joueur dans l’ambiance.

F1 2016 PS4 (1)

Toutefois, le premier contact visuel n’est pas très flatteur, puisque le circuit Gilles Villeneuve affiche un aliasing assez visible, en plus d’une modélisation « bien mais pas top » comme on dirait chez Les Nuls. Une fois en piste, cette impression se confirme, avec certes un affichage 60 images/seconde, mais quelques éléments de décors assez cheap, sans compter quelques saccades et même un vif ralentissement sur une portion du circuit. Un premier contact assez déroutant donc (pour ne pas dire décevant). Toutefois, la même session sur Spa en mode Pluie, permet de bénéficier d’un rendu nettement plus agréable, avec de beaux effets de pluie et pas le moindre ralentissement. Bref, on comprend rapidement que ce F1 2016 va osciller entre le bon et le très moyen, tant dans le fond que dans la forme.

Graphiquement bien, mais pas top ?

Graphiquement parlant, l’ensemble est donc correct, à condition toutefois de ne pas être trop exigeant. En effet, si les effets météorologiques sont très agréables (réverbérations du soleil sur les carrosseries, effets de pluie, météo dynamique réussie…), on peste parfois face à des textures très simplistes et quelques bugs d’affichage, sans oublier des saccades assez fréquentes, en plus d’un aliasing tenace (en fonction des circuits). Certes, F1 2016 affiche une fluidité (presque) impeccable, mais certains concurrents affichent une technique autrement plus imposante. « Ouais, mais ce qui fait le jeu, c’est pas les graphismes, c’est le gameplay » hurlent déjà certains, intéressons-nous donc à ce point, évidemment crucial ici.

F1 2016 Screenshot PS4 (3)

C’est indéniable, F1 2016 propose une marge de progression assez impressionnante niveau gameplay. En effet, si le néophyte pourra activer toutes les aides, et profiter d’un pilotage largement assisté pour plus de simplicité, le pilote chevronné pourra de son côté mettre sur Off ces mêmes aides à la conduite (ABS, antipatinage, assistance au freinage…), mais aussi diverses options comme la rentrée aux stands (avec l’obligation de freiner suffisamment avant d’atteindre la ligne), le tour de formation (excellent pour se plonger dans l’ambiance avant la course et faire chauffer sa monture), sans oublier le départ manuel ! En effet, la touche R1 permettra de jouer sur l’embrayage, et il faudra non seulement relâcher celle-ci au moment de l’extinction des feux pour effectuer un départ canon, mais aussi veiller à adopter un régime moteur adéquat.

Enfin, il est également possible de ne pas afficher la moindre indication à l’écran, et demander les informations directement à son ingénieur, comme « en vrai » finalement. On apprécie également la possibilité de gérer un « scénario » avant la course, et paramétrer l’heure de départ, le défilement du temps, mais aussi les conditions météos. On peut alors décider de démarrer la course de bon matin, avec un défilement temporel fixé sur 5x, et jouer au Dieu de la météo en fixant un départ sous une pluie battante avec un soleil qui fera peu à peu son retour dans le ciel. Bref, côté possibilités de gameplay, ce F1 2016 est certainement l’un des plus complets, aucun doute à ce sujet.

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On peut choisir un départ manuel, et il faudra alors relâcher l’embrayage au bon moment et disposer d’un bon régime moteur pour réaliser le départ parfait ! Excellent !

Sur la piste, la jouabilité dépendra évidemment des choix de chacun, mais en mode Professionel (comprenez « aides désactivées »), F1 2016 nécessite bien sûr un minimum de doigté, notamment sur les freinages, afin de ne pas bloquer les roues, mais aussi (et surtout) sur les phases d’accélération en sortie de virage.

La conduite n’est pas aussi exigeante que celle d’un Project CARS, mais nécessitera une bonne dose de concentration malgré tout. Un petit Menu Rapide permet de régler divers facteurs, mais aussi d’accéder rapidement à diverses informations comme la température des pneus, l’usure de ces derniers, la gestion du carburant… On peut également demander diverses informations à son ingénieur de course (meilleur tour en piste, qui est en tête, stratégie actuelle, état de la voiture….), ce dernier se chargeant de répondre avec une certaine précision, ce qui apporte un vrai plus niveau immersion.

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Côté dégâts en revanche, n’espérez pas voir voler votre aileron avant au moindre contact, comme le dimanche sur Canal+. En effet, même en mode Réaliste, hormis un léger « poum » sonore, les contacts entre les monoplaces sont très permissifs, et il faudra taper (très) fort pour espérer perdre un élément.

Pas de panique, les adeptes du « Rewind » pourront reprendre la course quelques secondes avant une sortie de piste, la fonction étant bel et bien présente ici, au grand dam des fans de simulation d’ailleurs. On apprécie en revanche le fait de voir les pilotes adverses commettre des erreurs par moment, ou même voir le moteur de la voiture qui précède partir en fumée, de manière aléatoire, comme dans la réalité.

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Il est possible de jouer avec un écran épuré au maximum… et de pester face à des concurrents un peu trop collants

En ce qui concerne la section audio, l’ensemble est plutôt positif, avec des sonorités moteur bien distinctes en fonction bien sûr de la monoplace pilotée. Attention toutefois, certains seront sans doute très gênés par un vilain « sifflement » particulièrement strident (sur la Ferrari ou encore la McLaren par exemple), qui reproduit bien sûr le bruit du turbo embarqué par les F1, mais qui s’avère très désagréable à l’oreille… On peut jouer sur le volume des différents éléments (moteur, musique, voix…) via les options, mais ce « sifflement » sera toujours plus ou moins présent (et dépendant des voitures utilisées).

Enfin, on note un mix audio parfois assez étonnant, puisqu’il arrive par moment d’entendre davantage les autres monoplaces en piste que sa propre monture, ce qui peut gêner parfois, notamment pour les passages de rapport ou le dosage de l’accélération dans les courbes lentes.

Et ce mode Carrière tout nouveau tout beau alors ?

Bien sûr, outre la possibilité d’effectuer des courses rapides ou de prendre part à un championnat du monde en incarnant un pilote existant, F1 2016 permet au joueur de profiter d’un mode Carrière revu en profondeur. En premier lieu, il s’agira de choisir un avatar, ainsi qu’un casque, avant d’aller signer dans l’écurie de son choix. On peut ainsi sans problème signer directement chez Ferrari, Red Bull ou même Mercedes, mais les attentes, ainsi que l’évolution du pilote, seront alors différentes, comparé à un contrat chez Renault F1, Haas ou encore McLaren.

En effet, le mode Carrière de F1 2016 (également disponible en mode Pro pour les puristes avec la difficulté fixée au maximum) implique davantage le joueur dans la gestion de sa monoplace. Lors des séances d’essais libres, il sera par exemple demandé au pilote d’effectuer quelques tests, permettant d’accumuler des points, ces derniers servant à faire évoluer le département R&D de l’écurie. Les exploits en piste et autres défis à relever permettent eux aussi de glaner quelques précieux points, et ainsi décider d’améliorer le moteur, la traînée, ou encore le châssis de la monoplace, avec des pièces qui seront disponibles dès le GP suivant. Sympa. On retrouve également le système de Rival, avec là encore des points à grappiller lors des différentes sessions. Côté ambiance, le joueur est plongé au sein même du motorhome de son écurie, mais hormis la possibilité d’accéder à l’ordinateur portable (qui ouvre le menu du jeu) et observer des PNJ et des décors assez moyens graphiquement, sans oublier une synchronisation labiale inexistante, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent.

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Les Points de Ressources sont essentiels pour faire évoluer le compartiment R&D de son écurie en mode Carrière

Côté IA, ce F1 2016 se défend plutôt honorablement, même si là encore, le joueur n’est pas à l’abri d’un contact inattendu, qui l’enverra valser dans le décor, ou qui l’empêchera parfois de prendre un virage serré, à cause de la monoplace qui semblera vouloir s’accrocher à votre roue arrière comme une moule à son rocher. Une IA mitigée finalement, à l’image de l’ensemble de ce F1 2016, qui va parfois soigneusement vous éviter durant plusieurs virages, de manière à profiter d’un duel épique comme au bon vieux temps, et qui va parfois venir vous percuter bêtement, sans raison.

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Les effets météos sont très réussis, avec une évolution temporelle dynamique, et personnalisable qui plus est

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Bien sûr, il est possible de régler sa monoplace selon son bon vouloir, de gérer ses pneumatiques, de définir sa stratégie de course… Outre les logos officiels, Codemasters a également soigné l’enrobage de son F1 2016, avec la modélisation de tous les pilotes, la cérémonie du podium, quelques images des stands, quelques angles de vue très « TV » avant les GP… Sur la piste, comme dit précédemment, on peut enfin s’adonner au tour de formation, en prenant soin de chauffer sa monoplace, sans bien sûr dépasser le pilote qui précède. En course, la Safety Car Virtuelle est de la partie, tout comme la vraie Safety Car, qui sortira lors des gros accidents. Au joueur alors de modérer son allure, et pourquoi pas de changer sa stratégie. A ce sujet, le stand vous proposera parfois un changement de stratégie en fonction de la physionomie de la course, à vous d’accepter (ou non) la proposition de vos ingénieurs. Sympa.

Côté interface, si les menus sont relativement clairs et épurés, le joueur risque parfois de souffrir d’une avalanche d’informations à l’écran une fois en piste. En effet, en plus du classement, d’une mini-carte, des flèches de proximité, du compte tour, et du nombre de tours restants, il suffit par exemple de l’intervention de la safety car pour afficher un, voire deux, messages supplémentaires à l’écran. Pour peu que le joueur ouvre le Menu permettant d’accéder aux réglages rapides, l’écran est plus que saturé, et, en plus de la lisibilité, la sacro-sainte « immersion/simulation » en prend un cou… Bien sûr, via les options, on peut définir les éléments à afficher en course, et même tout switcher sur « Off » pour profiter d’un écran vierge de toute information, comme un vrai pilote finalement. Bref, il est indéniable que Codemasters a retravaillé en profondeur le mode Carrière de ce F1 2016, pour proposer une expérience très immersive, avec au passage de larges possibilités de personnalisation pour qui souhaite par exemple effectuer des qualifications en un tour, en quelques minutes ou en conditions réelles, tout comme la durée de la course qui peut être effectuée en quelques tours, à 25%, à 50% ou encore à 100%, avec l’usure des pneus à l’échelle bien sûr.

F1 2016 Screenshot PS4 (1)

Globalement, Codemasters a donc largement réajusté le tir après un F1 2015 assez anecdotique. Toutefois, même si le bond en avant reste significatif, on reste un chouia déçu par ce nouveau F1 2016, qui profite certes d’un enrobage très léché (menu animés, cérémonie de podium, logos…), mais dont la section graphique aurait, à nos humbles yeux, pu être encore largement améliorée. En effet, si la qualité diffère selon les circuits, on retrouve malgré tout une réalisation en dents de scie, avec notamment des textures très limites par moments, et quelques défauts techniques que l’on espérait ne pas voir ici (clipping, aliasing…). Heureusement, les effets météo sont très réussis, mais on ne peut que regretter une section graphique, certes nettement en hausse par rapport à F1 2015, mais encore nettement en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre.

Idem en ce qui concerne le gameplay, assez agréable dans l’ensemble, mais qui ne semble pas encore réellement avoir fait son choix entre simulation et arcade, avec une conduite certes réaliste globalement, mais qui ne sanctionne pas vraiment les freinages tardifs, les roues dans l’herbe, les accrochages et même la plupart des contacts avec les murs. On apprécie en revanche certains « détails », comme le tour de formation, le dialogue avec les stands ou même le départ manuel, autant d’éléments qui renforcent indéniablement l’immersion et que l’on avait hâte de voir dans un jeu de F1. Bref, un bon jeu de F1 dans l’ensemble, mais pas aussi abouti qu’on l’espérait.

Notre avis concernant F1 2016

Nettement plus réussi (et heureusement !) que F1 2015, F1 2016 laisse malgré tout une impression mitigée, avec certes, quelques très bonnes idées (départ manuel, tour de formation, Safety Car…) qui renforcent l’immersion, des courses parfois haletantes et un contenu complet, mais aussi une réalisation technique très inégale, un gameplay trop permissif pour les puristes et une gestion des dégâts toute relative. Bien sûr, cela n’empêche pas de profiter de quelques très belles courses, et finalement, tout dépendra de l’exigence du joueur, mais en ce qui nous concerne, on en attendait tout de même davantage, et on espère que le prochain opus bondira encore d’un bon cran techniquement, et ajustera le gameplay pour parvenir à un penchant plus axé simulation, à l’instar des jeux de F1 d’antan, qui ne pardonnaient pas la moindre erreur. Frustrant certes, mais fichtrement réaliste et donc jouissif.

Test réalisé à partir d’une version éditeur PS4. Screenshots capturés depuis la fonction Share.

F1 2016

7

Note Globale

7.0/10