Critique Point Break 2015 : l’extrême limite du néant créatif

Nostalgie, quand tu nous tiens…

Aah…Les années 90! Elles reviendront souvent sur le tapis sous ma plume, car j’ai fait mes premières découvertes ciné au cours de cette période. « Terminator 2 », « Pulp fiction », « Jurassic Park », « Le silence des agneaux », « Heat »,… j’en passe. Et bien sûr, « Point break : extrême limite », où l’on voyait s’affronter un Patrick Swayze au top de sa carrière et un Keanu Reeves encore méconnu, dans l’univers des surfeurs de Los Angeles.

Point break, c’est le genre de film d’action sympa, accrocheur (surtout à cette époque), car il bénéficiait d’un petit scénario simple et efficace, et profitait d’un background inhabituel pour l’époque : celui du surf. Vous ajoutiez à cela un casting de beaux gosses et de l’action, et vous obteniez l’un des plus gros hits d’action marquants des années 90, devenu aujourd’hui culte pour toute une génération de cinéphiles.

Vingt cinq ans plus tard, boum! Un remake. Même titre, mêmes personnages, mais une histoire légèrement modifiée… L’idée étant de de « surfer » (c’est le cas de le dire) sur un gros succès commercial en espérant tenir la dragée assez haute en termes de reconnaissance par le public. Osé, mais pourquoi pas.

Un remake, oui. Mais pas celui que l’on croit

A l’époque du film original de la réalisatrice Kathryn Bigelow, les long métrages tournant autour des sports extrêmes étaient assez rares (là, comme ça, je pense à Cliffhanger mais je n’en vois pas d’autres). Puis vinrent les années 2000, et les choses ont commencé à se gâter puisque la discipline s’est démocratisée, et le cinéma avec lui : « Vertical limit » en 2000, « XXX » en 2002, la saga « Fast and furious » (du moins les trois premiers).

Une séquence d’ouverture impressionnante

On peut dire d’ailleurs que le premier Fast & furious est déjà une sorte de remake de Point break, version bolides de course, puisque le scénario est le même, à deux lignes près (un agent du FBI qui infiltre un milieu fermé de sportifs de l’extrême, le héros séduit la fille et refuse de trahir, se liant d’amitié avec son propre ennemi…). Étonnamment, ce nouveau Point break ressemble davantage à Fast and Furious qu’au premier Point break. Et quand je dis « ressembler », je suis clément, car on est à la limite du copié collé…

Ce n’est pas le tatouage qui fait l’homme…

Visuellement beau mais très ennuyant

Vous l’aviez sans doute compris, cette critique tiendra davantage du coup de gueule que du coup de cœur (pour une fois!). J’étais curieux de savoir ce qu’ils feraient du cultissime Point break de mon adolescence. Et bien, je suis servi. Je viens de profiter d’une publicité géante haut de gamme de la marque Rossignol (ou Quicksilver, c’est selon). Ce remake n’est finalement qu’une succession d’images, allant certes de « belles » à « à couper le souffle », lesquelles ne serviront pourtant qu’à vous faire voyager un court instant, ou bien à vous inspirer pour vos prochaines vacances. Si vous espériez trouver une histoire un tant soi peu haletante, un casting accrocheur et des rebondissements en pagaille, vous allez vite déchanter. Le rythme est cassant car les séquences visuelles proposées en plan extra extra large s’éternisent (on se croirait dans un épisode d’Ushuaïa), et les dialogues sont aussi insipides qu’inutiles, ce qui rend l’intrigue molle et sans intérêt.

Qui m’aime me suive

Pas à la cheville du premier

Le premier film de Bigelow avait un autre avantage, qui fait qu’il mérite son titre de film culte, et qui est inhérent à l’année de sortie. A l’époque, la 3D ne courait pas les rues, et les cascades étaient réalisées et filmées à l’ancienne. Un vrai tour de force quand on a vu le film. Or, son homologue de 2015, même s’il donne dans le sport extrême pluridisciplinaire (là où le Point break de 91 ne parlait que de surf), est bourré de 3D à foison. Ce qui en retire tout le charme et le mérite. De surcroit, le semblant d’intrigue proposé n’est finalement qu’un honteux ersatz de Fast and furious, à tel point qu’on se demande s’ils n’ont pas carrément racheté le script. Une telle fainéantise d’écriture pour un budget pareil (105 Millions de Dollars), ça devrait être puni par la loi ! Et puis exits les comédiens charismatiques. Je n’ai rien contre Luke Bracey (jouant Johnny Utah), mais difficile de le croire crédible avec une prestation aussi faible. Edgar Ramirez, en revanche, ne s’en sort pas trop mal. Pour finir, je passerai sur les invraisemblances de mise en scène et le vide sidéral entourant les personnages secondaires (la fille, l’agent Pappas, le chef de service joué par Delroy Lindo,…).

Bilan ?

Si vous aimez voir des sportifs grimper sur les toits du monde, frôler de somptueuses falaises en wingsuit, ou prendre un rouleau de plusieurs mètres dans une mer démontée, allez plutôt voir la chaîne MCS, ce sera moins fatigant. Et si vous aimez les films d’action dépaysants et inspirants, allez plutôt voir le premier Point break ! Ici, il n’y a rien à voir…

Notre avis concernant Point Break (2015)

Mou, rythmé artificiellement par une BO entraînante mais décalée de l’action, d’un vide abyssal de par son écriture et ses personnages, ce Point break mouture 2015 n’est finalement qu’une pâle copie, non pas de son homologue de 1991, mais du premier Fast and furious, dont il a fait bien plus que seulement s’inspirer. Débourser 100 Millions de Dollars sans être capable de proposer le minimum syndical en termes d’intrigue, c’est vraiment se moquer du monde. A oublier très vite…

« Point break » – Sorti en salles le 03 Février 2016