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Test Twin Mirror : nouveau chef d’oeuvre signé DONTNOD Entertainment ?

Annoncé à l’E3 2018 de Los Angeles, Twin Mirror devait sortir de façon épisodique. Deux ans après, le jeu a hérité d’un ravalement de façade. Désormais édité par Dontnod, Twin Mirror est le premier titre en tant qu’éditeur du studio français. Fort de son expérience sur des jeux comme Remember Me ou Life Is Strange, Twin Mirror arrivera-t-il à créer la sensation comme les aventures de Max Caulfield en son temps ? Réponse dans notre test complet !

Twin Mirror, le test !

Twin Mirror nous permet d’incarner Samuel « Sam » Higgs, un ancien journaliste d’investigation à la personnalité sombre et tourmentée. Il quitte sa ville natale de Basswood, petite bourgade de Virginie-Occidentale, qui a la réputation d’être une ville minière. Il revient 2 ans après l’avoir quittée suite à son article qui a eu pour conséquence de faire fermer la mine qui était le principal employeur de Basswood.

En plus de ça, sa rupture avec Anna Miller n’a pas arrangé les choses pour sa santé mentale. Sam s’est juré de ne plus jamais revenir à Basswood. Il ne faut jamais dire jamais. Il décide pourtant de revenir dans cette ville. Il n’est évidemment pas le bienvenu à cause de son papier paru dans le journal local, le Basswood Jungle. Il se rend dans son ancienne ville afin de rendre un dernier hommage à Nick, son seul ami, décédé lors d’un accident de voiture. Éclaircir les zones d’ombre de sa mort sera l’objet de Twin Mirror. Les facultés de déduction de Sam permettront de revivre ses souvenirs et de ce fait de découvrir la vérité.

L’écriture façon Dontnod a ses bons côtés, mais aussi ses défauts, notamment dans la structure. Pour ce qui est des personnages, seuls quelques personnages sont réellement bien écrits, le studio français ne fait pas face aux clichés de ces derniers. En effet, on retrouve le titre n’hésite pas à user des clichés du cinéma américain, avec sa galerie de personnages vus et revues. On retrouve le gros dur, le gentil, le policier un peu trop à cheval sur l’autorité en autre.

La narration, malgré ses défauts inhérents à une production de Dontnod, s’avère agréable à suivre, on veut savoir la fin de l’histoire. Malheureusement une fois le dénouement final qui arrive, on se demande « tout ça pour ça ? ». Sam, le héros est par contre vraiment bien écrit, on ressent son esprit tourmenté, Dontnod a assuré dans l’écriture de ce dernier. L’histoire est somme toute classique, la façon de la raconter permet de nous tenir en haleine jusqu’à la fin. Vous l’aurez compris, l’intrigue est basique, mais la narration nous donne envie d’en découvrir plus.

Miroir, miroir, dis-moi la vérité

Le dernier-né des Français de Dontnod se joue comme la plupart des productions des Parisiens, en effet, jeu narratif oblige, les interactions sont réduites à leur plus simple expression. Le titre se découpe en plusieurs couches de gameplay, tout d’abord l’aspect classique des jeux narratifs, les dialogues. Certains choix de dialogues sont limités dans le temps, surtout en ce qui concerne les choix importants et vous en croiserez quelques-uns tout au long de l’aventure de Sam. D’autres permettent de récolter des informations ou tout simplement de faire connaissance avec d’autres personnages. À la manière d’un jeu Telltale Games, vous pouvez récolter des objets qui vont serviront plus tard et d’autres collectibles qui vous permettront d’en apprendre un peu plus sur Basswood et ses habitants.

Certaines séquences de fuite sont présentes, sans surprise, ce n’est pas la meilleure idée du jeu. A toute cette composante narrative habituelle dans les œuvres de Dontnod s’ajoutent des phases d’enquêtes, ce n’est pas pour rien que les initiales de notre héros sont SH, rappelant un certain Sherlock Holmes. Ces dernières sont assez simples voir simplistes, elles rappellent Murdered : Soul Suspect, en effet il faudra récupérer des indices afin de reconstituer certaines scènes. Une fois ces preuves collectées, il faudra passer par le palais mental, qui est un élément essentiel de Sam, ce dernier est très réussi. Sam se plonge dans sa tête afin de résoudre les interrogations qui composent les plusieurs heures du soft.

On retrouve aussi des phases de gameplay plus psychologiques, qui rappellent Alan Wake. Ces dernières sont très stylisées et sympathiques à parcourir. C’est à peu près tout, à un détail près que seules certaines décisions seront vraiment importantes pour la suite. Twin Mirror n’est pas très difficile à aborder puisque les phases d’enquêtes et de dialogues sont très assistées mais plaisantes, rien de fou. L’originalité du titre se trouve dans les phases de conversations intérieures avec une « entité » qui ressemble à la conscience de Sam, ces phases sont vraiment excellentes et très intrigantes.

L’Oncle Sam

Terminer Twin Mirror ne vous demandera pas de longues heures sur votre écran, seulement 5 à 6 heures selon votre façon de jouer. Pour les complétistes et les curieux, vous pourrez, en vous baladant, récupérer des mémentos et des souvenirs. Ces derniers permettent de mieux cerner les différents acteurs de l’histoire du jeu. Même avec ces à-côtés, c’est plutôt court, mais rappelons que Twin Mirror ne coûte que 30 euros sur les plateformes de téléchargements en ligne. Évidemment plusieurs fins sont au programme en fonction des choix que vous ferez, la fin en sera impactée. Elles sont plutôt nombreuses et vraiment différentes, un bon point pour la rejouabilité.

Enfin au fil de l’aventure, vous serez confronté à quelques énigmes, la majorité des celles-ci ne sont pas compliquées à résoudre. Il faudra être attentif à votre environnement et fouiller un peu partout. Pour ce qui est ces « puzzles », certains sont très brillants, et demanderont quelques minutes de réflexion. Jamais de quoi mettre votre cerveau en surcharge. Rappelons également que le titre ne dispose qu’aucun mode additionnel ou de multijoueur en ligne ou en local à deux. Vous aurez la possibilité une fois le jeu terminé, de refaire chaque chapitre indépendamment ou de refaire d’A à Z l’aventure, à vous de voir.

Pour vous aider dans votre épopée mystérieuse, un journal est à votre disposition, ce dernier rassemble tous les personnages rencontrés ainsi que leurs actions, caractéristiques et des faits sur eux. En plus de tout ça, tous vos choix seront répertoriés afin de voir quelles décisions vous avez prises pendant ces quelques heures.

Jumeau maléfique

Graphiquement, Twin Mirror est sans l’ombre d’un doute le plus beau jeu de Dontnod, les effets de lumière sont magnifiques. L’ambiance générale rappelle Twin Peaks, c’est un véritable régal de se balader dans les décors montagneux de Basswood. Malgré tout ce bel enrobage visuel qui montre ses limites surtout de jour, de nuit pas de soucis, c’est très souvent joli. Twin Mirror est optimisé pour la Xbox One X et la PS4 Pro, mais pas sur les next-gen, il est évidemment compatible sur ces dernières sans aucun problème. La fluidité n’est jamais prise à défaut, le titre est fluide de bout en bout. À noter qu’il ne supporte pas le HDR, ce n’est pas un problème en soi, mais vous voilà prévenu.

Là où le bat blesse c’est techniquement, plusieurs bugs sont à signaler. Rien de gênant mais cela gâche un peu l’immersion, qui est au demeurant excellente. Autant le titre n’est pas à la hauteur des dernières productions sorties, autant artistiquement il se démarque des autres, les artistes du studio ont fait du beau boulot. La direction de la photographie est excellente, tout se suit comme une série télé.

Pas de doublages en français, place à la version originale, en anglais donc, sous-titrée en français. La version anglaise est de qualité, les acteurs jouent bien en tout circonstance. Un bon point pour favoriser l’immersion du joueur. Autre point, les compositions musicales de David Wingo sont réussies. Habitué au 7ème art, ce compositeur marque son entrée, remarquée, dans le monde du jeu vidéo avec Twin Mirror. Une belle réussite.

Les bruitages et les effets sonores sont du même niveau que le reste de la bande-son, rien d’exceptionnel, mais de bonnes factures. Certains pesteront sur l’absence de doublages en français, un comble pour un studio français selon une partie du public.

Notre avis concernant Twin Mirror

Sans doute le dernier projet de Dontnod sur cette génération de consoles, Twin Mirror s’avère être un cocktail de tout ce que le studio parisien est capable de faire en matière de narration et d’écriture de personnages. Vendu à prix doux, Twin Mirror se présente comme un thriller psychologique plaisant mais jamais à la hauteur de Life Is Strange, la pépite du studio. Malgré ces défauts d’écriture, et ses problèmes techniques qui gâchent un peu l’immersion du joueur, l’aventure de Sam est une bonne distraction en cette fin d’année. Une belle façon de prendre un bon bol d’air frais en attendant un gros jeu. Plaisant, agréable, pas dénué de défauts. Espérons qu’à l’avenir Dontnod se sorte de son carcan habituel qui commence à montrer ses limites.
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