Avec Ghost of Yōtei, Sucker Punch renoue avec le Japon féodal tout en s’éloignant de Tsushima pour explorer un imaginaire différent. Loin de simplement reproduire la formule du premier épisode, le studio américain signe une aventure plus personnelle, centrée sur la vengeance d’Atsu, une mercenaire marquée à vie par le massacre de sa famille. Voici notre test complet sur PS5 Pro.
La vengeance est un plat qui se mange froid
L’histoire se déroule au début de l’ère Edo, en 1603. Après avoir échappé à l’attaque des Six de Yōtei, une bande de rônins menée par le mystérieux Seigneur Saito, Atsu, survivante de Sekigahara, revient sur l’île plusieurs années plus tard, déterminée à éliminer un à un les responsables.
L’aventure se situe cette fois sur l’île d’Hokkaidō, vaste territoire sauvage dominé par le mont Yōtei. Ses paysages enneigés, ses forêts profondes et ses steppes balayées par le vent définissent la nouvelle identité visuelle de la franchise.
La direction artistique est l’un des triomphes du jeu. Hokkaidō y apparaît comme un territoire presque mystique, sublimé par un travail remarquable sur la lumière, les particules et le mouvement du vent, omniprésent et utilisé comme guide naturel.
Le jeu exploite pleinement les capacités de la PS5 avec plusieurs modes graphiques : “performance” (60 FPS), “fidélité” (textures et détails renforcés), ray tracing, et sur PS5 Pro un mode Ray Tracing Pro à 60 FPS, véritablement la meilleure manière de profiter de Ghost of Yōtei.
On regrettera toutefois certaines animations, notamment celles des chevaux, relativement imprécises, ainsi que la ressemblance physique de nombreux PNJ. Des défauts qui s’oublient vite tant la beauté et la variété des décors impressionnent.
Un western au soleil levant, un “Eastern” ?
Cette magnificence évoquera immanquablement un autre chef-d’œuvre plébiscité par une immense majorité de joueurs : Red Dead Redemption 2.
Ghost of Yōtei partage ce goût pour la contemplation, les silences, les grands espaces et les références au cinéma, des westerns classiques aux films de samouraïs.
Si le scénario repose sur un canevas classique (la vengeance, le poids du passé), il se distingue par une écriture plus intime et une mise en scène cinématographique où dominent les regards, les suspensions et l’environnement.
L’ambiance oscille entre mystère, tension, malaise et émerveillement, portée par de petites partitions musicales d’une grande finesse. Le jeu puise autant dans RDR2 que dans les derniers Zelda, tout en faisant écho à True Grit, Les Sept Samouraïs, Kill Bill ou Les Huit Salopards. Un mélange assumé, parfaitement utilisé.
Combat, techniques et évolution
Le système de combat, déjà plébiscité dans Ghost of Tsushima, gagne ici en ampleur et en variété. Atsu peut manier cinq armes principales : katana, doubles lames, yari, kusarigama et ōdachi, chacune adaptée à des types d’ennemis différents.
Le gameplay alterne entre parades millimétrées, esquives précises et attaques lourdes, offrant un niveau d’exigence parfois supérieur à celui du premier opus.
Les affrontements contre les lieutenants de Saito constituent autant de moments forts. Certains demandent d’analyser les techniques adverses et d’adopter la bonne approche, sous peine de sanction immédiate.
Rassurez-vous, nous ne sommes pas dans un jeu de type « Souls » : inutile de revoir les cauchemars de Sekiro. Mais certaines quêtes annexes proposent un véritable challenge.
Progression, bonus et contenu annexe
Comme son prédécesseur, Ghost of Yōtei propose un monde semi-ouvert dense mais jamais surchargé. Les quêtes secondaires renforcent l’aspect contemplatif du jeu, souvent centrées sur la survie, la mise à l’épreuve et la confrontation avec une nature sublime mais impitoyable.
Les fameux sanctuaires de Ghost of Tsushima sont toujours présents. On découvre aussi, dans des lieux reculés, un conteur qui narre l’histoire du site où il se trouve. S’ensuit alors une petite aventure dédiée, passionnante et récompensée par un bonus utile.
La manette DualSense est exploitée avec finesse : résistance des gâchettes lors des parades, micro-vibrations simulant les rafales de vent, les pas dans la neige ou la tension de la corde de l’arc.
GOTY ? Must-Have ? Mega Hit ? Joypad d’or ?
Ghost of Yōtei ne révolutionne pas la formule instaurée par Tsushima, mais l’enrichit et l’affine. L’écriture, plus resserrée, délaisse les enjeux militaires pour une approche plus intime. Les combats gagnent en technicité, le monde en cohérence, l’esthétique en ambition.
Si l’intelligence artificielle manque de modernisation et si quelques défauts techniques persistent, le jeu reste une proposition forte, capable d’offrir une expérience visuelle et sensorielle rare dans le paysage actuel.
Notre avis concernant Ghost of Yōtei