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Earthion : notre test (nostalgique) d’un shoot’em up fidèle à l’esprit des 90’s

Quand j’étais ado, je me souviens de ces après-midi passés accroché à la manette, à enchaîner les niveaux de Thunder Force, Gradius ou encore R-Type. Ces shoot’em up légendaires qui, au-delà du défi, proposaient une esthétique choc, des musiques qui restent gravées, des niveaux terribles pourtant limpides, et ce mélange magique entre gameplay exigeant et plaisir immédiat. Aujourd’hui, Earthion, le nouveau jeu de Yuzo Koshiro (à l’origine notamment de la BO légendaire de Streets of Rage), revient tapoter à cette mémoire-là. Et il le fait avec suffisamment de panache et de talent pour qu’on lui accorde bien plus qu’un simple regard en coin.

© Ancient Games

Le retour de Yuzo Koshiro, maître de la note et du pixel

Yuzo Koshiro, célèbre pour ses compositions sur Streets of Rage, ActRaiser, Shenmue, ne s’est pas contenté d’offrir une bande-son : il façonne des ambiances. Dans Earthion, il assume pleinement cette tradition passée, mêlant synthés puissants, nappes mystérieuses, mélodies incisives. Le résultat : une immersion immédiate, ce frisson de déjà-vu (dans le meilleur sens) qui évoque les bornes d’arcade ou les consoles 16-bits. On le voit, on l’entend, et on le sent : l’artiste est bien là, et il offre quelque chose qui vibre.

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Earthion (testé chez nous sur PS5 Pro) brille aussi par ses graphismes magnifiques en 2D. Chaque décor est bourré d’effets : explosions colorées, arrière-plans en parallaxe, particules lumineuses, lasers saturés. On sent le soin apporté aux détails, chaque texture, chaque ennemi, chaque rayon laser ayant été pensé pour rappeler l’âge d’or des shoot’em up. La direction artistique a ce charme vintage, rehaussée de touches modernes : les effets de lumière, les animations fluides, les transitions entre niveaux… Tout concourt à une expérience visuelle vraiment réussie.

Musicalement, comme évoqué, Koshiro signe une partition à la fois rétro et dynamique. On alterne ambiance oppressante, morceaux rapides, thèmes héroïques – tous portés par des mélodies qu’on retient dès les premières minutes. La musique ne se contente pas de faire le job ; elle porte le jeu, elle le justifie. A noter qu’un mode Music Player permet d’écouter la bande-son, tout en profitant de « cinématiques » du jeu.

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Côté durée de vie, Earthion propose environ 45 minutes de jeu pour venir à bout de l’ultime boss, ce qui peut sembler court dans l’absolu, mais pour ce genre de shoot’em up, c’est, à mon sens, tout à fait honorable.

Très souvent, les titres d’aujourd’hui diluent l’intensité sur des heures au prix d’un rythme plus lent, y compris certains shoot’em up, où l’ennui s’installe parfois avant le fatidique « game over ». Ici, chaque niveau compte. Huit stages bien composés : ni trop long, ni frustrant à l’excès, juste assez pour ressentir une montée en puissance.

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Et puis, la rejouabilité est bien pensée : à la fin du jeu, vous obtenez un code. Ce code, pour une nouvelle partie, permet de se « faciliter la vie », d’accéder à des options ou aides en fonction de vos actions précédentes, sans pour autant ruiner le challenge.

C’est finalement un bon compromis : le joueur peut choisir de pousser le niveau de difficulté en partant de zéro, ou bien de s’offrir un peu d’assistance (gagnée à la sueur de son front), tout en gardant le plaisir de jeu intact.

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Enfin, la jouabilité est simple, épurée : on comprend vite les commandes, les mouvements répondent avec précision. Pas de complexité superflue. Le jeu respire l’ère des années 90, dans le bon sens : action directe, réflexes, pattern learning, mais sans surcharger le joueur de mécanismes accessoires. C’est exactement ce que les amateurs de shoot’em up apprécient : sens de l’urgence, challenge juste dosé, plaisir immédiat.

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Entre chaque stage, il est possible d’optimiser son vaisseau (ce qui est hautement conseillé), à condition toutefois de terminer le stage en question avec un petit module à récupérer durant le niveau. Sympa.

Quelques réserves quand même : niveaux, lisibilité, petites dissonances

Toutefois, Earthion n’est pas parfait. Parmi les huit niveaux, un ou deux apparaissent un peu moins inspirés. On sent parfois que les idées visuelles ou de design peinent à atteindre la qualité des meilleurs stages. Certains boss ou certains ennemis affichent des patterns moins surprenants, moins mémorables.

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Par ailleurs, la lisibilité à l’écran pâtit parfois d’un excès d’effets. Quand l’écran est rempli de tirs, d’explosions, d’éclairages, de particules, la lecture des adversaires ou des projectiles peut devenir confuse. On souhaiterait un peu plus de contraste, ou que certains effets visuels moins essentiels soient alléger pour mieux distinguer l’action.

Du côté sonore aussi, quelques sons sont moins à la hauteur : certaines explosions manquent de punch, certains effets de tir ont une texture un peu plate. Ils n’enlèvent rien à l’ensemble, mais ils soulignent le contraste avec la bande-son globalement très soignée.

Autre point : le jeu ne propose quasiment pas de système de scoring traditionnel, et aucune forme de multiplicateurs visibles (ou alors très discrets). Pour les puristes du genre, c’est une omission sensible. Néanmoins, ce n’est pas un vrai défaut dans la mesure où Earthion ne se revendique pas comme un titre hardcore centré sur le score, mais plutôt comme une expérience immersive et nostalgique.

Qu’on se le dise, Earthion est une réussite. Il réveille une nostalgie juste, il redonne vie à ce que l’on attend d’un bon shoot’em up : des graphismes soignés, une musique marquante, un challenge bien calibré, une durée de vie raisonnable, et une rejouabilité sincère. Le fait d’obtenir un code en fin de partie pour faciliter les replays est une excellente idée, qui permet de réaborder le jeu avec plus de confiance.

Notre avis concernant Earthion (sur PS5)

Pour tous ceux qui ont grandi dans les salles d’arcade ou sur consoles 16/32 bits, Earthion sera comme une bouffée d’air : un rappel que, parfois, le charme réside dans la simplicité, dans la sensibilité des pixels, dans la musique directrice. On peut regretter que tous les niveaux ne soient pas au sommet, que la lisibilité vacille dans les moments les plus chargés, mais cela reste marginal.

En fin de compte, Earthion incarne ce que le shoot’em up peut offrir de mieux quand il se tourne vers son héritage : un jeu beau, vibrant, court mais intense, respectueux des codes sans être une quelconque copie. Un hommage (notamment aux shoot Mega Drive), mais aussi une œuvre à part entière. Si vous aimez les sensations des années 90, si vous voulez un jeu qui ne triche pas sur l’action, alors Earthion mérite votre attention.

 

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