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Test Double Dragon Revive : était-ce vraiment une bonne idée ?

Dans les années 90, à l’époque où les salles d’arcade vibraient au rythme des pièces de 10 francs et où les boutons de nos pads étaient martelés avec ferveur, la licence Double Dragon incarnait cet esprit bon enfant du beat’em-up : deux frères prêts à casser des crânes pour sauver une demoiselle en détresse, des roulements de tambours 8-bit et une envie simple mais viscérale de “aller de gauche à droite et fracasser tout ce qui bouge”. Cet héritage revendiqué, la série ne s’est jamais vraiment éteinte, et après un sympathique Double Dragon Gaiden Rise of the Dragons, voilà que débarque ce nouvel épisode Revive.

© Arc System Works

Un retour attendu… et redouté

On accueille donc ce Double Dragon Revive avec un peu d’émotion. Le simple fait de retrouver Billy, Jimmy, et la belle Marian, portés au firmament dans leur époque, suffit à raviver ce sourire qu’on arborait quand on enchainait les coups de genou et les uppercuts surpuissants. Et si l’on avait espéré que 2025 rime avec renouveau flamboyant, force est de constater que ce nouveau chapitre assume pleinement son statut de clin d’œil rétro… parfois un peu trop à ses dépens.

© Arc System Works

Commençons par ce que Double Dragon Revive réussit : d’abord, la bande-son et l’ambiance. Les compositions musicales, oscillant entre le néo-chiptune et l’orchestration façon “arcade modernisée”, nous replongent dans ce sentiment de baston collective des week-ends entre potes. On ressent l’ADN du passé, et l’effort de restitution est palpable.

L’ambiance visuelle n’est pas en reste, notamment les petites cutscènes richement illustrées entre les chapitres, qui apportent une fraîcheur narrative qui tranche avec les beat’em ups purement “aller-taper”. Le jeu met en scène une sorte de post-apocalypse (15 ans après une guerre nucléaire) où Billy, Jimmy, Marian et leur dojo héritier (Sosetsuken) tentent de reprendre le contrôle d’une colonie côtière sous domination des Shadow Warriors.

© Arc System Works

Autre atout non négligeable : la durée de vie. Le jeu ne se contente pas d’un unique défilé de niveaux : après la campagne principale (qui nécessite environ 2 heures), Revive propose des “missions supplémentaires” originales, ainsi que des épisodes bonus pour les personnages débloqués. Un bon point.

Des gros bémols quand même

Mais, et c’est un “mais” assez lourd, le retour n’est pas exempt de fausses notes. L’un des premiers reproches concerne cette 3D mal maîtrisée. Bien que le jeu adopte un angle “2.5D” (des déplacements latéraux avec un peu de profondeur), ce choix technique se traduit souvent par un manque de lisibilité : des ennemis apparaissent “dans l’arrière-plan”, les projections sont confuses, les sauts ont du mal à se calibrer… On se perd, littéralement, dans le décor.

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Ensuite, le gameplay, qui devrait être le cœur battant du titre, pêche par sa répétitivité : on enchaîne vagues d’ennemis, boss, petites variétés, mais la boucle reste la même encore et encore. Le plaisir initial retombe vite. On apprécie en revanche les « gimmicks » qui consistent à encastrer un ennemi dans une poubelle, une voiture… au gré d’une action contextuelle. Pas révolutionnaire non, mais sympa.

S’y ajoute une difficulté en dents de scie : certains boss ou sections semblent surdimensionnés, d’autres sont presque ridiculement faciles grâce à des armes ou objets trop puissants. Le système de “throwables” en est l’exemple : lancer des armes permet parfois de stun-lock les boss… et ce malgré des outils limités.

Aussi, ce Double Dragon Revive renoue avec les affreuses phases de plateformes de l’opus original, avec des séquences souvent hors sujet ici, en plus d’être franchement inintéressantes. A ce niveau, le récent Ninja Gaiden 4 regorge lui aussi de séquences old school qui ne servent absoluement à rien…

© Arc System Works

Enfin, la jouabilité manque franchement de fun et de précision. L’ergonomie des commandes flirte avec l’approximation, des coups qui ne se déclenchent pas quand on les attend, des directions arrière-avant un peu molles, ce qui rend l’action moins “nerveuse” et plus figée (encore !) que dans les bons vieux jours. On a l’impression que la recette est là, mais qu’un bon nombre de choses lui échappent…

Un retour tout juste moyen donc, mais très loin d’être le triomphe attendu. Si vous êtes fan inconditionnel de la licence ou du beat’em-up traditionnel, l’expérience peut valoir le coup, avec modération. En revanche, pour les novices ou ceux qui cherchent la version “ultime” du genre, il faudra sans doute attendre une itération plus soignée… ou se rabattre sur les anciens opus de la saga.

Notre avis concernant Double Dragon Revive

Double Dragon Revive s’impose comme un retour très mitigé. On voudrait l’adorer, car l’affection pour la saga, les souvenirs d’arcade, l’envie de revivre ces moments de camaraderie devant l’écran sont bien présents, mais les nombreux défauts empêchent invariablement de s’amuser comme on le voudrait. Oui, la nostalgie (auditive notamment) est honorée, oui, certains mécanismes en valent la peine, oui, la rejouabilité est plus que correcte. Mais dans le même temps, on sent que le jeu n’a pas entièrement digéré (un minimum) les exigences modernes du genre, : lisibilité bancale, mécanique détrempée, fun en retrait… A tester donc, si on aime le genre, mais il y a de fortes chances que vous soyez déçus par ce Double Dragon Revive.

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