Site icon THM Magazine

Test The Precinct : comme un GTA à l’ancienne (et du côté de la police) ?

Lancé peu avant l’été, The Precinct est un jeu atypique, sorte de GTA à l’ancienne façon première PlayStation, qui nous plonge dans un monde mêlant courses-poursuites intenses et criminalité tentaculaire dans une ambiance digne des films néo-noirs des années 1980. On y incarne non pas un voyou, mais un jeu policier fraichement diplômé de l’Académie, qui doit défendre ses concitoyens, tout en faisant de son mieux pour élucider le mystère entourant l’assassinat de son père, tombé alors qu’il était en service.

© Microïds

Quand on apprend que The Precinct est conçu par un studio indépendant de seulement cinq développeurs (deux artistes, deux programmeurs, un game-designer), on sait qu’il ne faut pas attendre un AAA sur tous les fronts. Et pourtant, à l’instar du récent Cobra: The Awakening, lui aussi édité par Microïds, le jeu surprend, en réussissant notamment à proposer une expérience ambitieuse et originale, avec une ambiance très forte, même s’il n’est pas dénué de failles.

La différence entre le bon policier…

Dès les premières minutes, The Precinct séduit par son atmosphère. Le joueur est plongé dans une ville baignée de néons et d’ombres, Averno, où l’esthétique néo-noir des années 80 fait merveille.

Architecture urbaine légèrement délabrée, éclairages aux couleurs saturées, musique et bruitages tout droit sortis d’un polar culte : tout concourt à créer un décor crédible, une cité corrompue et dangereuse dans laquelle on a envie de s’immerger, d’autant plus si on est adepte de cette ambiance à l’ancienne. Cette identité visuelle et sonore (cette musique !) constitue indiscutablement l’un des piliers du jeu.

© Microïds

Mais si The Precinct parvient à se démarquer, c’est aussi par sa proposition de gameplay. Là où la majorité des jeux en monde ouvert glorifient la liberté anarchique ou la criminalité, le titre choisit de placer le joueur dans la peau d’un policier. Cette perspective inverse change profondément l’expérience.

Les missions ne se limitent pas à courir après des malfrats : il faut respecter la procédure, vérifier les papiers, interroger les suspects, effectuer des fouilles, et même assumer les conséquences si l’on outrepasse ses droits. L’idée peut sembler austère sur le papier, mais elle apporte une tension singulière et une vraie identité ludique.

© Microïds

Cette originalité est renforcée par la variété des interventions proposées. Le jeu ne s’appuie pas uniquement sur des séquences spectaculaires de fusillades ou de courses-poursuites. Les patrouilles sont rythmées par de petites tâches du quotidien : dresser une contravention, résoudre un conflit mineur, intervenir sur des délits de faible envergure.

Ces activités plus modestes contribuent à donner l’illusion d’un vrai quotidien d’agent de terrain. Le joueur alterne ainsi entre des phases à pied, en voiture, et même en hélicoptère, ce qui casse la monotonie et maintient un bon rythme.

© Microïds

Enfin, The Precinct soigne sa boucle de progression. Chaque intervention réussie rapporte de l’expérience, débloque des compétences ou du matériel supplémentaire. Ce système encourage le joueur à agir dans les règles et donne la sensation gratifiante de monter en grade, mission après mission.

À cela s’ajoute une génération dynamique de crimes et d’incidents, qui assure un certain renouvellement et permet de continuer à jouer même après avoir terminé l’intrigue principale. Une mécanique de longévité bienvenue, qui compense la relative brièveté du scénario.

… et le mauvais policier

Aussi solide soit-il dans ses intentions, le jeu n’échappe pas à quelques faiblesses. La première, sans doute la plus relevée par les joueurs, concerne la répétitivité. Si l’idée de multiplier les petites tâches quotidiennes est séduisante au départ, elle finit par montrer ses limites au bout de plusieurs heures. Les contrôles routiers, les arrestations ou les petites enquêtes finissent par se ressembler, ce qui émousse l’effet de nouveauté et réduit la charge dramatique des missions.

Sur le plan technique aussi, The Precinct accuse également certaines failles. L’intelligence artificielle des suspects ou des passants est loin d’être infaillible : on croise régulièrement des comportements incohérents, des bugs d’animation ou des collisions surprenantes.

© Microïds

La conduite des véhicules, en particulier lors des poursuites rapides, manque de précision et peut frustrer les plus exigeants. Ces accrocs ne gâchent pas totalement l’expérience, mais rappellent que le titre reste un projet indépendant, loin des standards de production d’un blockbuster.

L’autre point faible concerne sa narration. Le postulat de départ, un jeune policier confronté au crime organisé dans une ville rongée par la corruption, est accrocheur, mais il n’est pas toujours développé avec la profondeur qu’on pouvait espérer. Les personnages secondaires manquent de relief, les rebondissements sont limités et l’intrigue avance sans véritable moment marquant. Les amateurs d’histoires riches et immersives risquent d’y voir un simple fil conducteur, plus qu’un véritable récit policier captivant.

Enfin, l’ambition du projet se heurte inévitablement aux moyens de son équipe. Développé par seulement cinq personnes, le jeu impressionne par son ampleur, par sa qualité, mais certains aspects trahissent le manque de ressources. Si la map est relativement restreinte (ce qui n’est pas du tout un défaut en soi), certaines zones de la carte sont moins travaillées, la variété visuelle de la ville finit par s’épuiser, et les effets destructibles, pourtant impressionnants, manquent parfois de cohérence.

Notre avis concernant The Precinct

Avec The Precinct, on a affaire à une œuvre atypique, imparfaite mais très attachante, portée par une petite équipe qui a visé haut malgré ses moyens très réduits. Le jeu séduit par son ambiance rétro, son parti pris de gameplay original et sa capacité à proposer un quotidien policier crédible et varié. Ses limites techniques, sa narration un peu légère et la répétitivité de certaines missions rappellent toutefois qu’il s’agit d’un projet indépendant. Mais replacé dans son contexte, l’effort est juste remarquable, et il mérite largement l’attention des amateurs de mondes ouverts qui ne sont pas contre le fait de changer de perspective.

Quitter la version mobile