Il aura fallu plus d’une décennie pour que Ryu Hayabusa ressorte enfin son sabre du fourreau. Après un Ninja Gaiden 3 qui avait laissé les fans dans une position aussi inconfortable qu’un kunai mal rangé, l’annonce d’un Ninja Gaiden 4, confié cette fois aux talentueux (et souvent déchaînés) PlatinumGames, avait de quoi exciter les amateurs d’action pure. Et autant le dire tout de suite : le jeu envoie sévère. Mais si le titre impressionne par sa fluidité chirurgicale et cette boucherie visuelle typique du studio japonais, il peine parfois à retrouver l’âme mystique et l’âme qui faisait tout le sel des premiers épisodes.
Un retour pour le moins nerveux pour Ninja Gaiden
Récemment, on prenait un vrai plaisir à (re)découvrir Ninja Gaiden 2 en version Black. Dès les premières minutes, on comprend que PlatinumGames a pris le contrôle du navire. Le jeu carbure à 60 images par seconde (et même au-delà sur consoles de nouvelle génération), sans le moindre accroc. Chaque esquive, chaque coup, chaque décapitation répond au doigt et à l’œil, dans une danse macabre d’une fluidité exemplaire. Le plaisir de jeu est immédiat, viscéral même.
Les affrontements enchaînent combos, finish moves et effets spéciaux à la Bayonetta : explosions de particules, ralentis nerveux, giclées d’énergie, membres tranchés qui virevoltent dans une chorégraphie d’une brutalité presque poétique. C’est une vraie boucherie visuelle, au sens le plus noble du terme. Les amateurs d’action frénétique seront ravis : Ninja Gaiden 4 ne faiblit jamais, chaque combat est un feu d’artifice de réflexes et de sensations fortes.
Le gameplay reste exigeant, mais un poil plus accessible qu’auparavant, sans pour autant tomber dans le casual. La difficulté est plutôt relevé, et PlatinumGames a visiblement cherché le bon équilibre entre technicité et fluidité, et sur ce plan, c’est un quasi-sans-faute.
Une ambiance cyber-futuriste qui divise
Là où le jeu risque d’en déstabiliser certains, c’est sur son univers. Exit les temples shinto et les villages japonais noyés dans la brume : Ninja Gaiden 4 adopte une esthétique cyber-futuriste, avec ses néons bleutés, ses drones de combat et ses gratte-ciel en hologrammes. Un choix audacieux, certes, mais qui donne parfois l’impression de jouer à un spin-off de Metal Gear Rising plutôt qu’à un véritable Ninja Gaiden.
Ce virage stylistique est cohérent avec la patte de PlatinumGames, mais il laisse sur le carreau ceux qui aimaient la dimension mystique et feutrée des premiers volets. Notre héros traverse des décors certes impressionnants, mais souvent interchangeables : entre les laboratoires high-tech, les arènes urbaines et les couloirs métalliques, on perd un peu cette identité propre à la saga. On a (heureusement) quelques très beaux décors plus naturels, mais globalement, cela reste plutôt rare, et avec son côté futuriste, ce Ninja Gaiden 4 fait parfois penser, de par ses environnements, ses ennemis, à un autre jeu PlatinumGames : Vanquish.
Le scénario, heureusement, relève légèrement la barre. Sans être transcendant, il propose une intrigue solide, bien rythmée, à base Dragon Noir à anéantir, qui nous emmène dans une course contre la montre pour empêcher une conspiration d’anéantir le Japon. Quelques rebondissements bien placés, quelques dialogues réussis, une pluie diluvienne, et une ambiance générale efficace qui donne envie d’aller au bout.
Rappelons que la licence s’est également rappelée au doux souvenir des graphismes rétro, avec le lancement cet été de Ninja Gaiden Ragebound, que l’on a beaucoup apprécié.
Un gameplay toujours grisant, mais parfois en pilote automatique
Si Ninja Gaiden 4 régale manette en main, il ne parvient pas toujours à se renouveler. Les premières heures sont explosives, mais une certaine redondance s’installe assez vite au fil des chapitres. Les ennemis changent peu, les boss alternent entre spectaculaires et oubliables, et la progression devient un peu mécanique.
Ce sentiment de répétitivité est accentué par une caméra parfois capricieuse, qui a la mauvaise habitude de se perdre dans le feu de l’action. Rien de dramatique, mais quand on joue à un titre aussi nerveux, la moindre hésitation visuelle peut coûter cher.
Côté technique, le jeu assure globalement, même si tout n’est pas parfait : certains personnages secondaires, notamment Seori, affichent une modélisation franchement datée. Dans un jeu aussi beau par ailleurs, ces quelques visages mal texturés font un peu tache. Pour ce qui est de la durée de vie, il nous aura fallu une dizaine d’heures pour boucler l’aventure principale.
Et puis, malgré tout ce spectacle, il manque quelque chose. Une étincelle. Ce petit supplément d’âme qui faisait autrefois de Ninja Gaiden une expérience aussi brutale qu’émotionnelle. Ici, on s’amuse, on s’éclate même parfois, mais on ne tremble plus. On traverse le jeu avec plaisir oui, mais sans réelle passion.
Notre avis concernant Ninja Gaiden 4