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Test Nintendo Switch : une bonne console (trans)portable d’appoint ?

Time to Swich ?

Pour un vieux gamer (34 ans quand même le bougre) comme moi, c’est toujours un évènement d’accueillir une nouvelle console Nintendo. Après la (fabuleuse) GameCube, en 2002, Nintendo avait fait le pari (gagnant, commercialement parlant) de s’orienter vers le motion-gaming avec sa Wii et ses célèbres Wiimotes. En 2012, alors en pleine confiance, Nintendo lance la Wii U, une machine proposée cette fois avec un gamepad doté d’un écran, ouvrant la porte (en théorie) à de nouvelles possibilités de gameplay. Toutefois, entre communication désastreuse, limitations techniques et absence cruelle de jeux réguliers, la Wii U a connu un destin funeste, et ce, dès sa disponibilité en boutiques. Aujourd’hui, avec sa Switch, Nintendo souhaite reconquérir le coeur des joueurs, et au passage, finaliser le concept même de la console hybride qu’aurait du être la Wii U. Explications.

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Visuellement, la Nintendo Switch est proposée dans un packaging très compact, assez aguicheur il faut l’admettre, qui contient donc la petite tablette, les deux joy-con, le dock ainsi qu’un câble de recharge, un câble HDMI et deux dragonnes. La première mise en marche est on ne peut plus simple, et la console se charge de guider le joueur pas à pas, qui découvre au passage une interface (enfin !) fluide et véloce. Exit l’interface lourdingue de la Wii U, la Switch profite d’une navigation ultra épurée, qui permet de profiter d’un allumage éclair, et de naviguer entre les différents menus en à peine 1 ou 2 secondes. Ouf !

En mains, la petite Nintendo Switch s’apparente à une mini-tablette, d’une taille de 6,2″, soit un chouia plus petit qu’un iPad classique. L’écran est tactile évidemment, mais la Switch permet surtout d’accrocher de part et d’autres les petits joy-con, qui vont alors transformer la tablette en une console portable, en rendant au passage un hommage (involontaire) aux ancestrales Lynx et autres Sega GameGear pour la taille de l’ensemble. Une console qui affiche un peu moins de 400 grammes sur la balance, et qui profite à l’arrière d’un petit pied rétractable (type chevalet) permettant de poser la Switch sur une table, lorsque l’on souhaite utiliser l’écran comme une TV, pour jouer via le Controller Pro et/ou les Joy-Con. Une béquille un peu légère toutefois, située sur le côté, qui permet certes de maintenir la console, mais qui ne s’avère pas aussi efficace que le même procédé que l’on a pu tester récemment sur l’enceinte Samsung Level Box Slim par exemple.

En mode tablette, la Nintendo Switch affiche donc le jeu sur son écran tactile IPS 6,2″, avec une qualité d’image en HD 720p. Certes, on pourra toujours hurler au scandale quand on sait que certains smartphones affichent de la 4K, mais force est d’admettre que le rendu est très agréable ici et seuls quelques haters répéteront à qui veut l’entendre que la Full HD aurait tout changé, surtout sur une si petite diagonale. La grande originalité de cette Switch, c’est évidemment la possibilité de placer cette dernière dans le dock (relié à la TV), et de voir alors son jeu s’afficher sur grand écran, en 1080p qui plus est, grâce à la magie de l’upscaling.

Un dock qui permet donc d’envoyer l’image de la console vers la TV, mais qui prend également le soin de recharger la Switch. Une Switch qui peut se recharger également de manière nomade, comme un simple smartphone, grâce à la prise USB Type-C située sur le dessous. A l’usage, la Switch s’avère donc très simple d’accès, tout est fluide, tout est intelligemment pensé de la part de Nintendo, même si on comprend assez vite que cette console ne se destine pas à constituer LA console de salon principale de tout gamer qui se respecte, mais plutôt une alternative, un second choix, une console secondaire, une machine d’appoint… bref, appelez ça comme vous voulez.

Nintendo et la technique…

En effet, techniquement, hormis son prix, la Nintendo Switch n’a rien de similaire avec les PS4 et Xbox One, qui ne jouent clairement pas dans la même cour. Celui qui souhaite profiter des jeux AAA à la pointe de la technologie, ne pourra en aucun cas se satisfaire de la Switch. Ainsi, même si la console de Nintendo vient tout juste d’arriver sur le marché, on ne prend aucun risque en affirmant que jamais un jeu Nintendo Switch ne parviendra à la hauteur d’un Horizon Zero Dawn, d’un Forza Horizon 3, d’un Gears of War 4, d’un Uncharted 4…

A cela une raison simple : Nintendo ne souhaite pas concurrencer Sony ou Microsoft sur le terrain de la course à la technologie. Avec sa Switch, Nintendo fait le pari d’une console hybride, et même si le géant nippon présente cette dernière comme une « console de salon », on aura rapidement tendance à utiliser cette dernière comme une console portable permettant lorsqu’on le souhaite d’afficher l’image dans la TV (un peu comme la troisième génération de PSP en son temps). A cela s’ajoute également quelques « défauts » lorsque la console est sur son dock, puisqu’un jeu comme Zelda : Breath of the Wild s’avère plus fluide en mode nomade, qu’en mode salon (SIC). Un « souci » généré tout simplement par le fait que la console est davantage sollicitée en mode dock, puisqu’elle doit non seulement se charger de faire tourner le jeu, mais en plus assurer l’upscaling Full HD et l’affichage des données sur grand écran. Et c’est visiblement (déjà) trop demander à la Nintendo Switch…

Ci-dessus, une cartouche Nintendo Switch, à côté d’une cartouche PS Vita et d’une cartouche Nintendo DS

A la question, « donc la Nintendo Switch est-elle déjà larguée techniquement et à ranger au placard ?« , la réponse est oui et non. Oui car d’un point de vue technique, on l’a dit, la console est loin de concurrencer les PS4 / Xbox One, et non car, paradoxalement, elle permet d’offrir une expérience de jeu différente, de par son côté nomade et sa tendance au multi local (le grand absent des consoles concurrentes), et on peut également compter sur Nintendo pour nous proposer quelques pépites dans les mois/années à venir, comme ce fut le cas sur Wii U finalement, qui, malgré son flop, a proposé ponctuellement quelques titres assez extraordinaires comme Super Mario 3D World, Donkey Kong Tropical Freeze, Pikmin 3, Paper Mario Color Splash, Kirby….

Il est où le line-up, il est oùùùùùù… ??

Avec la Nintendo Switch, le géant japonais souhaite donc se placer comme une alternative au jeu vidéo 4K HDR, et le concept hybride de la machine le permet aisément. Toutefois, au lancement, force est d’admettre que la console est particulièrement isolée… En effet, hormis un The Legend of Zelda : Breath of the Wild, transfuge de la Wii U qui plus est, le line-up est désespérément vide de contenu… et de sens. Aux côtés du dernier Zelda, on pourra donc s’offrir Super Bomberman R, un énième Just Dance 2017, un Skylanders dont plus personne ne veut, un 1,2 Switch sans intérêt (et qui aurait du être offert avec la console)…. et c’est tout, en ce qui concerne les jeux sur cartouche. Certes, on pourra aller télécharger sur l’eShop le très réussi Snipperclips, et re(re(re))trouver d’autres titres comme I Am Setsuna ou encore World of Goo et Shovel Knight, mais franchement, ce n’est pas pour cela que l’on souhaite s’offrir une Switch en day one, non ?

A ce line-up désertique s’ajoute également une absence totale de fonctionnalités de base pour la Nintendo Swich. En effet, hormis l’accès à l’eShop, la console de Nintendo n’offre aucune possibilité multimédia (photo, vidéo…), aucune possibilité de naviguer sur le web, ni même la moindre application sociale. En ce qui nous concerne, on voit comme une très bonne chose cette volonté de se concentrer sur le jeu uniquement, et ne pas surcharger la console et/ou mobiliser les troupes/ressources pour proposer des fonctions inutiles, accessibles depuis notre smartphone. Toutefois, si on fait le pari de se focaliser sur le jeu uniquement, encore faut-il que cela soit fait…

Dans le cas présent, la Switch est donc assez orpheline dans l’ensemble, et cela semble être voué à perdurer encore quelques mois selon le planning avancé par Nintendo. Hormis une resucée de Mario Kart 8 et un Splatoon 2 assez singulier, le « premier vrai jeu Nintendo Switch » devrait être ARMS, mais le « premier vrai jeu Nintendo Switch qui dispose d’un réel intérêt » devrait être Super Mario Odyssey, en fin d’année. Le joueur Nintendo semble donc une nouvelle fois voué à faire preuve de patience….

Et le prix dans tout ça ?

En effet, si Nintendo propose sa Switch à 299 euros en boutiques, il est important de savoir qu’à ce tarif, vous ne bénéficierez d’aucun jeu, si ce n’est éventuellement quelques démos sur l’eShop. Une Switch qui est proposée évidemment avec son dock, mais également les deux joy-con. Toutefois, pour jouer de manière convenable, il sera presque impératif d’opter pour une manette Pro Controller, proposée en moyenne à 60 euros en boutiques. De même, l’acheteur partira forcément avec un ou deux jeux sous le coude, des jeux proposés là aussi à 50/60 euros en boutiques, voire plus chez certains. Enfin, ceux qui souhaitent trimballer leur Switch à droite à gauche, pourront également s’offrir la sacoche de transport officielle, affichée à 10 euros.

Au total, pour un « pack gamer », composé de la Nintendo Switch, de Zelda : Breath of the Wild, de 1,2 Switch (soyons dingues !) d’un Pro Controller et d’une sacoche de transport, la facture s’élèvera à environ… 500 euros. Voilà qui commence à faire beaucoup (trop) pour une console qui ne joue clairement pas dans la même cour que le tandem PS4 / Xbox One, et dont de nombreuses fonctionnalités restent encore absentes, et même encore inconnues pour certaines, au lancement.

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Autre précision importante : la Nintendo Switch embarque une mémoire interne de 32 Go (environ 28 Go de réellement disponibles). Oui, 32 Go de mémoire interne, en 2017, à l’heure des contenus dématérialisés, voilà qui fait bien cheap… De ce fait, certains jeux proposés via l’eShop ne pourront tout simplement pas être installés sur la Switch. La solution ? Acheter une carte microSD pour venir booster la mémoire interne. Assez honteux quand on sait que les PS4 et Xbox One proposent désormais 1 To de mémoire. Certes, le fonctionnement n’est pas tout à fait le même (les PS4 et Xbox One imposent un installation, même avec un jeu au format disque, contrairement aux cartouches de la Switch), mais tout de même, on reste persuadé que Nintendo aurait pu très facilement, et sans surcoût, pousser sa Switch à au moins 128 Go…

Une Wii U revisitée ?

Avec sa Switch, Nintendo réussit donc à proposer une console simple d’accès, et à l’orientation hybride clairement affirmée. Ainsi, ceux qui pensaient, à l’annonce de la Wii U, pouvoir disposer d’une console très flexible, et commencer une partie sur l’écran de la TV pour la finir aux toilettes grâce au GamePad, et qui ont rapidement déchanté face aux limitations de ce derniers, vont trouver, à quelques détails près, avec la Switch ce même concept de console hybride, joliment revisité bien sûr, mais également autrement plus abouti.

Avec la Switch, on peut commencer sa partie sur l’écran de télévision, puis sortir la console du dock pour emmener cette dernière n’importe où, et continuer sa partie sereinement directement sur l’écran de la console. Soyons clairs, la tablette ne communique pas en WiFi avec le dock (comme le Gamepad avec la Wii U), puisque la tablette, c’est la Switch. On peut donc sans problème poursuivre sa partie dans un taxi, dans le lit, aux toilettes, dans l’avion… et pour ça, le concept de la Switch est une incontestable réussite, auquel s’ajoute cette possibilité pour deux joueurs (ou plus) d’utiliser chacun un joy-con, et profiter du multi local, là encore, sur la TV et/ou sur la tablette. Attention toutefois à la petitesse de l’ensemble (notamment en mode joy-con seul), qui ne conviendra aucunement aux grandes mains. Enfin, ajoutons pour conclure que la Nintendo Switch n’est aucunement rétrocompatible avec la Wii ou la Wii U, ni même avec la DS ou la 3DS, comme certains pourraient le croire à cause du format cartouches adopté par cette « nouvelle console portable de salon » made in Nintendo.

NOTRE AVIS

A nos yeux, et malgré la communication de Big N, il faut voir la Nintendo Switch comme une console portable, qui permet d’afficher son jeu sur un grand écran en cas de besoin, et non pas comme une authentique console de salon. Une console résolument flexible, avec un côté hybride très réussi, et qui profite d’une excellente finition, contrairement à la Wii U, tant au niveau matériel qu’au niveau de son interface, bigrement véloce. Toutefois, en ce qui nous concerne, la Nintendo Switch fera uniquement office de console d’appoint, et non pas de console principale. On pourra ainsi profiter de jeux nouvelle génération sur PS4 et/ou Xbox One, et de jeux « différents » sur Nintendo Switch, qui bénéficieront de la patte Nintendo, mais qui tireront également profit du côté « transportable » de la machine de Nintendo. Pouvoir jouer à Zelda : Breath of the Wild sur sa Smart TV, puis poursuivre la partie dans son lit procure un vrai sentiment de satisfaction. On regrette toutefois une technique assez pauvrette une nouvelle fois, une capacité de stockage juste honteuse en 2017, mais surtout un tarif particulièrement élevé, pour la console comme pour les accessoires. Cela sans compter de nombreuses fonctions encore indisponibles (voire pas encore annoncées pour certaines) à l’heure actuelle…